Publié le 18 février 2020

© Viepee

Il voulait effectuer un virement bancaire avec la mention «Livre Iran». La quarantaine de francs ne quittait pourtant pas le territoire vaudois. Impossible, a décidé la banque.

Jean-Luc Wenger


Fritz* nous conte une petite histoire qu’il estime «incroyable» et qui démontre, selon lui, l’aplatissement de nos banques devant le grand frère états-unien. Il exagère, Fritz. Il vit à Berne, d’où son exotique prénom d’emprunt, et revient régulièrement en Suisse romande. En décembre dernier, il a commandé un livre dans une librairie d’Yverdon-les-Bains. Ce bouquin est un recueil de textes du poète persan Hafez, pilier et fierté de la culture iranienne.

Comme il n’est pas toujours dans le Nord vaudois, Fritz fait acheter l’ouvrage par son père et effectue un virement bancaire de 41 francs pour rembourser papa. L’opération se fait d’un compte de la Banque cantonale vaudoise (BCV) à un compte de la Banque Migros. Fritz inscrit sous «communication au bénéficiaire»: «Livre Iran_merci!». Jusque-là tout va bien, se félicite Fritz. Deux jours plus tard, le Bernois d’adoption reçoit un coup de fil de la succursale yverdonnoise de la BCV,là où se trouvent ses comptes. L’employé lui demande s’il est l’auteur d’un virement en lien avec l’Iran… Diable!

Le zélé employé lui explique que le mot Iran a été détecté par les filtres de la banque. Ledit employé ne sait pas si ce paiement pourra être validé. Fritz constate pourtant que les 41 francs ont bien été débités, mais que le montant a visiblement été intercepté avant son arrivée sur le compte paternel. Voilà Fritz aussi surpris qu’énervé par cette intrusion loufoque dans ses affaires privées: «Je lui ai précisé que...

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