Quand les routes de la mondialisation sont menacées

Publié le 5 janvier 2024
L’hebdomadaire «Marianne» publie une cartographie des principaux canaux et couloirs maritimes, naturels ou artificiels, devenus les verrous de la mondialisation. Piraterie moderne, conflits entre Etats ou encore dégâts dus au changement climatique les rendent aujourd’hui vulnérables, au risque de paralyser les économies.

Commençons par le plus proche de nous, le détroit des Dardanelles. Il relie la mer Noire à la mer Egée, et donc à la Méditerranée; un point chaud dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine. En 1936, la Convention de Montreux a accordé à la Turquie la maîtrise du trafic sur le détroit. En vertu de cette Convention, le président Erdogan a bloqué toute circulation, y compris celle des navires de guerre, russes compris. Cette position géostratégique explique en partie le rôle de leader diplomatique de la Turquie, qui a conservé ses relations commerciales avec la Russie, dans la perspective d’une résolution du conflit.
Le canal de Suez, qui relie la Méditerranée à la mer Rouge, est lui considéré comme «le pouls de l’économie mondialisée». Cette route maritime constitue un raccourci remarquable puisqu’il dispense de contourner tout le continent africain. On se souvient du chaos provoqué dans le commerce mondial lorsqu’un navire s’est retrouvé bloqué dans le canal, en mars 2021, et des efforts considérables déployés pour l’en dégager et rouvrir la route. Cet incident a coûté entre 6 et 10 milliards de dollars par jour...
Marianne relève que le canal de Suez voit passer 10% du trafic maritime d’hydrocarbures, 20% du volume mondial des conteneurs et 10% du commerce maritime total. Mais il est aujourd’hui desservi par sa situation géographique. A l’instar du détroit de Bab El-Mandel (voir plus bas), Suez est la proie d’attaques des houthis yéménites. Le trafic est perturbé, la circulation ralentit; plusieurs multinationales ont choisi de ne plus y faire passer leurs navires.
Encore plus vulnérable au conflit yéménite, le détroit de Bab El-Mandel, «la porte des pleurs» en arabe. Situé au sud-ouest de la péninsule arabique, il sépare le golfe d’Aden de la mer Rouge. Il s’agit ...

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