La Suisse centrale, le lieu où il ne peut rien arriver

Publié le 8 décembre 2023
Sous le titre «Ombres sur l’autre ville lumière», Serge Robert nous propose un roman en deux tomes pour un total de 742 pages, sans longueurs ni ruptures de style. Il y est question de sujets qu’il a personnellement expérimentés, notamment le choc culturel que cela représente pour un Français que de s’établir en Suisse centrale et certaines dérives de l’industrie des cosmétiques. Entretien.

Sabine Dormond: Autour de quelle idée de départ avez-vous ficelé votre intrigue?
Serge Robert: Pour le tome 1, je suis parti d’une réflexion qu’on entend souvent en Suisse centrale quand il y a du chaos dans le monde: ce ne serait pas possible chez nous. En tant que Français, je trouvais intéressant de démentir cette idée.
Vous y êtes allé fort en faisant de Lucerne le théâtre d’agressions sexuelles, de déversements de déchets toxiques en pleine nature, de mutilations d’animaux et de tentatives d’assassinat. Vous n’êtes manifestement pas subventionné par l’Office du tourisme?
J’ai quand même obtenu des subsides de la ville de Lucerne. Mais mon histoire est assez éloignée de la réalité. Dans les faits, les gens continuent à éviter de passer par la Baselstrasse, parce qu’un crime y a été perpétré trente ans auparavant.
Comment avez-vous réussi à garder le souffle sur un tel marathon d’écriture?
J’ai pris le temps de réfléchir à la manière d’alterner dialogue et narration, action et moments plus calmes. Mon style se caractérise par beaucoup de rebondissements et peu de descriptions.
Vous avez fait preuve d’une discipline toute germanique! Combien de temps consacrez-vous à l’écriture?
Au moins une demi-heure par jour, idéalement une heure tous les soirs, tout le vendredi et la moitié du samedi. Pour trouver de nouvelles idées, il faut vraiment se plonger dans l’histoire.
Vous vous y astreignez même quand vous n’avez pas envie?
En principe, j’ai toujours envie. Avec l’expérience, j’ai acquis une sorte de fluidité, je sais à peu près où je vais. J’ai réservé la salle pour le vernissage avant d’avoir fini le premier tome, ce qui m’a stimulé à respecter mon échéancier. L’an passé, la traduction en allemand m’a toutefois obligé à repousser les délais.
Vous y sacrifiez une partie...

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