Chine-Russie: le nouvel axe du monde est là pour durer

Publié le 6 juin 2025
Dans la mythologie chrétienne et nombre de religions, l’Axis Mundi est le centre sacré de l’univers, le moyeu autour duquel les différentes parties du monde s’ordonnent et trouvent leur place. Ce rôle était tenu jusqu’ici par l’Occident incarné par le binôme Europe-Etats-Unis. Il a désormais basculé vers l’Asie, autour de l’axe Chine-Russie et des BRICS. Illusion d’optique? Excès d’optimisme? Ou simple constat de la nouvelle réalité mondiale?

Gardons-nous de toute affirmation péremptoire. Les nostalgiques de l’ancien ordre occidentalo-centré n’ont pas dit leur dernier mot, la Russie pourrait perdre la guerre en Ukraine, le modèle économique chinois pourrait s’essouffler durablement et, malgré tout le mal qu’on en dit, Donald Trump pourrait aussi réussir son pari de restaurer la grandeur de l’Amérique. Les jeux sont ouverts et leur issue n’est pas encore écrite.
Mais quoiqu’il arrive, le partenariat russo-chinois et l’attelage des BRICS, aussi bigarrés soient-ils en apparence, sont là pour durer. Pas à cause de l’amour, qui n’a rien à voir là-dedans, mais pour des raisons bien plus sérieuses, qui sont à la fois stratégiques, économiques et géopolitiques.
Première force: une vision commune
Tout d’abord, la Chine et la Russie, qui forment les deux pôles de cet axe, ne cessent d’approfondir leur convergence stratégique. Les deux pays partagent une vision commune d’un monde multipolaire, opposé à l’hégémonie occidentale, et notamment aux États-Unis. Ils collaborent au sein d’organisations communes telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, tout en soutenant mutuellement leurs positions sur les dossiers internationaux qui leur tiennent le plus à cœur, Ukraine et Taïwan en particulier.
La Chine ne condamne pas ouvertement la guerre en Ukraine. De son côté, la Russie soutient la position chinoise sur Taïwan et critique les ingérences occidentales en mer de Chine. Cela crée une sorte de front diplomatique commun, notamment à l’ONU, pour bloquer certaines résolutions occidentales. Enfin, l’une et l’autre se concertent régulièrement sur les grandes questions internationales: sécurité, cybersécurité, conflit israélo-palestinien, instabilité au Moyen-Orient ou en Afrique. Loin d’être rivales...

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