«Vladivostok Circus» et tour de piste autour de l’œuvre d’Elisa S. Dusapin

Publié le 12 septembre 2020
La parution du troisième roman d’Elisa Shua Dusapin donne l’occasion de se pencher sur son travail de ces quatre dernières années et de voir quels sont les thèmes qui reviennent dans ses trois romans. Et à partir de là, de constater ce que veut nous dire l’auteure sur le monde, d'imaginer vers quels horizons elle emmènera ses lecteurs à l'avenir.

Roulement de tambours… Parapapapampam, et nous voilà au cirque! Troisième roman d’Elisa Shua Dusapin sorti en août: Vladivostok Circus (2020). L’auteure qui avait fait sensation sur la scène des lettres romandes dès la sortie de son premier ouvrage en 2016, Hiver à Sokcho,  continue de confirmer et son talent et sa place dans le monde de la littérature non seulement suisse mais aussi francophone. Les Billes du Pachinko (2018), son deuxième roman paru il y a deux ans, n’était pas passé à côté du succès non plus; le Prix suisse de littérature qu’elle a reçu pour ce livre-là et une augmentation du nombre de ses lecteurs en témoignent.
Il est encore difficile de parler d’une véritable œuvre qui se construit avec deux romans seulement, mais avec trois romans ça change la donne : on peut commencer à considérer une œuvre en chantier. Hiver à Sokcho, Les Billes du Pachinko et Vladivostok Circus racontent trois histoires indépendantes l’une de l’autre, même si leurs thématiques sont en liens et se répondent. La parution du troisième roman d’Elisa Shua Dusapin donne l’occasion de se pencher sur son travail de ces quatre dernières années en présentant les trois ouvrages, et de voir quels sont les thèmes qui reviennent d’un livre à l’autre. Et à partir de là, constater ce que veut nous dire l’auteure sur le monde. Sans oublier d’imaginer un peu vers quels horizons elle nous emmènera à l’avenir.
«Hiver à Sokcho»
«Vos plages, la guerre leur est passée dessus, elles en portent les traces mais la vie continue. Les plages ici attendent la fin d’une guerre qui dure depuis tellement longtemps qu’on finit par croire qu’elle n’est plus là, alors on construit des hôtels, on met des guirlandes mais tout est faux, c’est comme une corde qui s’effile entre deux falaises, on y marche en funambule...

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