A l’ombre de Staline

Publié le 2 juillet 2020
1933. Le journaliste Gareth Jones découvre la face cachée de l'URSS: le Holodomor, ou grande famine, en Ukraine. Le nouveau film d'Agnieszka Holland revient sur cet épisode, avec pour toile de fond la célébration du travail de reporter, son impartialité et son goût de la vérité.

«Un spectre hante l’Europe: le spectre du communisme». Ainsi commence le Manifeste du Parti Communiste de Karl Marx, texte qui a façonné l’histoire européenne du XXème siècle, tant le continent a cultivé et cultive son attraction et sa répulsion pour cette idée; et la formule, aujourd’hui, est encore chargée de sens. Un spectre hante, de la même manière, le nouveau film, co-produit par le Royaume-Uni, la Pologne et l'Ukraine, de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, L’ombre de Staline — comme son titre français l’indique. 
Intitulé Mr Jones à l’origine, le film se veut, en premier lieu, un biopic. Il raconte l’histoire de Gareth Jones, jeune journaliste gallois. Fort de son premier scoop — avoir été le premier, en 1933, à obtenir une interview du nouveau chancelier allemand Adolf Hitler — il porte toute son attention sur ce que l’opinion appelle alors «le miracle soviétique». Le monde, après la crise de 1929, est en pleine récession, mais l’URSS affiche une croissance économique insolente. Les correspondants étrangers présents sur place, à Moscou, décrivent un pays en plein décollage, où règne un enthousiasme populaire pour le nouveau système politique et économique. 
Mais pour Jones, interprété par James Norton, quelque chose cloche. «Les chiffres ne collent pas» répète-t-il. D’où vient l’argent? D’où Moscou tient-elle sa prospérité? 
Muni de son visa, Gareth Jones, parfaitement russophone, arrive dans la capitale et découvre un milieu de journalistes confinés, privés d’accès au reste du pays, surveillés, espionnés, suivis. Son principal indicateur est étrangement tué au cours d’un cambriolage. Les portes se ferment devant lui. 
Quand il parvient à gagner l’Ukraine, il découvre que le «miracle» se fait au prix de millions de vies humaines. 

 © Condor distributi...

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