La vie dans le désert plutôt que sur Mars

Publié le 2 octobre 2019
L’ingénieur suisse Jean-Edouard Buchter croit à la possibilité de rendre au Sahara sa figure d’avant la désertification, en partie du moins, moyennant un effort colossal. Il explique comment, dans son livre qui vient de paraître aux éditions Favre sous le titre «Reverdir le Sahara». Parce que, contrairement à Mars, le Sahara offre selon lui des conditions optimales à cette entreprise de revitalisation.

BPLT: Quels atouts présente le Sahara par rapport à d’autres déserts?
Jean-Edouard Buchter: On y trouve de l’eau en abondance: si les nappes souterraines sont déjà surexploitées, ce n’est pas le cas des masses d’eau qui s’écoulent des montagnes ni les fleuves tropicaux, notamment le Sénégal en bordure du désert et le Niger dont une boucle s’enfonce dans le désert. En période de crue, toute cette eau finit perdue. Or, on pourrait la pomper facilement, parce qu’il y a peu de dénivellation.
En deux mots, quelles sont les techniques à mettre en œuvre pour inverser le recul de la zone cultivée?
Une fois qu’on a reverdi une partie du Sahel sous l’effet des précipitations déjà existantes, on peut étendre le verdissement plus loin en stabilisant le microclimat et en exportant l’humus fabriqué par la végétation. La végétalisation induit un changement climatique. Il faut commencer par les plateaux argileux encore cultivés voici cinquante ans. Il y a donc lieu de recenser les terrains les plus faciles et les plus efficaces pour démarrer, de former beaucoup d’animateurs sur place, afin de convaincre et d’impliquer les populations, car ce sont les gens du lieu qui prennent les travaux en main.
Quel est votre parcours d’ingénieur? Vous avez beaucoup travaillé en Afrique?
Non, j’ai principalement travaillé en Suisse et dans d’autres domaines. Mon parcours évolue de la technologie à l’agro-écologie. Je m’engage en tant que citoyen du monde touché par les problèmes de l’Eurafrique. Je me suis rendu au Burkina Faso où mon fils travaillait pour l’institut écologique Albert Schweizer. Au Maroc, j’ai vu le ruissellement qui se perd en évaporation dans le désert, les oasis qui s’assèchent, les nappes phréatiques qui baissent.
Vous avez déjà écrit sur le sujet, dans un registre plus philosoph...

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