Clap de fin pour la présence militaire française en Afrique?

Publié le 15 septembre 2023
Les forces militaires françaises stationnées de manière permanente ou ponctuelle sur le continent africain sont de plus en plus contestées par des populations jeunes, qui refusent qu’un tel «anachronisme colonial» puisse subsister plus de 60 ans après l’indépendance de leurs pays. S’agit-il pour autant d’une «deuxième indépendance», selon le narratif des militaires putschistes qui assurent vouloir libérer leur pays de la tutelle de l’ex-puissance coloniale?

Si le bras de fer se poursuit entre Paris et Niamey, où les nouveaux maîtres du Niger, exigent toujours le départ des troupes françaises qui y sont stationnées, le nouvel homme fort du Gabon, lui, n’a pas encore fait connaître son intention à ce propos. Le Gabon, qui vient de connaître un coup d’Etat, figure parmi les pays d’Afrique subsharienne où des troupes françaises sont stationnées de façon permanente depuis son indépendance. Une véritable spécialité française: aucune autre ex-puissance coloniale n’a maintenu sur le continent africain durant des décennies des bases militaires abritant des milliers d’hommes et du matériel de guerre rendant possibles des interventions rapides en un temps record.
La France compte 8 bases militaires permanentes dans le monde, dont 5 sur le continent africain (Algérie, Djibouti, Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal). Leurs effectifs, comme s’y était engagé en février dernier Emmanuel Macron, devraient cependant être revus à la baisse dans le courant de l’année. Avec une exception toutefois: la base de Djibouti et ses 1’500 hommes, le plus important contingent militaire hors de France, ne serait pas concernée, puisque, selon le président français, elle «n’entre pas dans le cadre de la stratégie africaine mais dans la stratégie indopacifique».
Présence de militaires français depuis les indépendances
En Côte d’Ivoire, le «43e BIMA», abréviation de 43e Bataillon d’infanterie de marine, est une institution, connue de tous les habitants du pays, héritier du 43e régiment d'infanterie coloniale, créé en 1914. Installé sur une superficie de quelque 230 hectares dans la commune de Port-Bouët, au sud d’Abidjan, protégé par de hauts murs, jouxtant l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, le 43e BIMA est un monde à part avec ses 950 hommes et, pou...

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