Le chemin de croix d’Emmanuel Macron en Afrique

Publié le 10 mars 2023
Quand ça veut pas, ça veut pas... La tournée du président français qui s’est déroulée du 1er au 4 mars en Afrique centrale a viré au chemin de croix avec, à chaque station, des humiliations, des critiques, amplifiées par des internautes déchaînés sur les réseaux sociaux.

Cela avait déjà mal commencé deux jours auparavant, lorsque Emmanuel Macron avait décliné en grande pompe, dans un salon de l’Elysée et face à un parterre choisi de militaires, chefs de grandes entreprises, artistes, sportifs, sa vision de la France en Afrique pour les prochaines années. Des propos qui ont surpris, y compris au sein de son propre camp, émaillés d’une terminologie pour le moins déconcertante, voire affligeante: «partenariat», «coconstruction», «humilité», «modestie», «écoute», «respect» sont désormais les maîtres mots de cette nouvelle page que l’Elysée entend ouvrir avec ses «partenaires» africains. Ainsi, a-t-il déclaré, la mission des ambassadeurs français sur le continent consistera désormais à «démontrer que notre partenariat est concret et piloter une communication offensive, décomplexée mais sans arrogance». Un discours qui enchaîne des éléments de langage destinés à calmer le jeu; mais qui, à force de circonvolutions alambiquées, enfoncent encore davantage la France dans ses contradictions. Comme par exemple, autre citation: «On ne prend pas les gens pour des imbéciles, on vient défendre nos intérêts et on le fait de manière respectueuse». Ou encore: «Nous réussirons ce nouveau partenariat si nous assumons la part d’africanité de la France»!
Un salmigondis sémantique qui reflète bien le désarroi dans lequel se trouve l’ex-puissance coloniale, expulsée du Mali, du Burkina Faso, de Centrafrique, avec, en filigrane, une contagion qui menace de s’étendre au Tchad et au Niger; et un sentiment anti-français qui prend de l’ampleur dans toute l’Afrique francophone. Pour Paris, qui avait ses habitudes dans ses ex-colonies, il s’agit là d’une nouvelle donne, quasiment historique puisqu’encore jamais rencontrée de cette manière depuis les indépendances, et ...

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