Un western philosophique où les balles sont des concepts

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Le western, on le sait, est un genre compliqué à apprécier. Parce qu’il est très masculin, violent et qu’il véhicule un certain nombre de mythes trompeurs sur «la conquête de l’Ouest» qui fut, factuellement, en grande partie un génocide des peuples déjà présents sur le continent américain lorsqu’y arrivèrent les Européens. Mais comme tous les genres, il a été malaxé à toutes les sauces – dont la sauce spaghetti qui a mis en évidence son aspect caricatural, voire satirique. Il y a eu des westerns de gauche, des westerns minimalistes, des westerns métaphysiques, des westerns putassiers, des westerns réactionnaires… Que vient donc faire ici aujourd’hui le Turinois Alessandro Baricco, écrivain styliste, musicologue ayant aussi étudié la philosophie, homme de théâtre, être raffiné et cultivé?
Son récit se déroule dans le Far West, à une époque qu’on imagine entre la fin du 19e siècle et le début du 20 e; Abel, le héros éponyme du livre, est un shérif qui va défier la loi pour secourir sa mère. Dit comme ça, ça ne fait pas très envie, on pense à un truc bêtement œdipien. Mais non, il est davantage question de philosophie et d’éthique que de psychanalyse. Dans l’histoire de l’Ouest américain, il y a plusieurs exemples de shérifs devenus bandits ou de hors-la-loi devenu shérifs, ça trouble toute vision manichéenne. Mais ce n’est pas non plus de cette porosité morale que traite le livre. La philosophie dont parle Baricco est principalement prémoderne.
Un coup de feu comme une...
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