Le cadeau de Trump aux Suisses pour le 1er Août

Publié le 1 août 2025
Avec 39 % de taxes douanières supplémentaires sur les importations suisses, notre pays rejoint la queue de peloton. La fête nationale nous offre toutefois l’occasion de nous interroger sur notre place dans le monde. Et de rendre hommage à deux personnalités du début du 20e siècle: Albert Gobat et Carl Spitteler. L’un s’est engagé pour un monde gouverné par la raison et le droit. L’autre a mis en garde contre la désunion des Suisses devant les aléas du monde.

Comme ambassadeur de Suisse, j’avais coutume de recevoir des cadeaux de mes collègues d’autres pays pour la fête nationale. Donald Trump, lui, nous a gratifiés d’une paire de claques monumentale. Oui, deux claques. Sur la joue droite, des taxes énormes de 39 % sur tous les produits. Et dire que certains rêvaient d’un accord de libre-échange avec l’Amérique trumpienne! Sur la gauche, l’humiliation d’être ravalé dans la catégorie des Laos, Birmanie et Syrie. En Europe, il n’y a que la Bosnie et la Serbie qui fassent presque aussi «bien» que nous. Voilà qui devrait donner une leçon à ceux qui ne juraient que par la soumission de la Suisse à la «République-sœur» d’outre-Atlantique.
L’occasion rêvée pour un premier août de s’interroger sur la «malice des temps». Ecoutons ce que deux sages ont à nous dire. L’un s’est engagé pour un monde gouverné par la raison et le droit. L’autre a mis en garde contre la désunion des Suisses devant les aléas du monde.
Soyons ouverts à la négociation plutôt qu’à la guerre
Le premier, Albert Gobat, prix Nobel de la paix 1902, rêvait d’un monde où les conflits seraient réglés par le dialogue ou l’arbitrage, mais pas par la puissance des armes. En quelque sorte, son rêve est devenu réalité, mais longtemps après sa mort. Dieu merci pour lui, il a quitté ce monde six mois avant le début des guerres mondiales. Ainsi, il n’a pas vu la passion guerrière prenant le pas sur la volonté de conciliation, la violence sur la tolérance, la cruauté sur la compassion. Mais il a pu de là-haut contempler la renaissance de son rêve et sa mise en œuvre après la Seconde Guerre mondiale. L’architecture institutionnelle, politique et juridique bâtie par les Américains, les Anglais, les Soviétiques et les Français en 1945 devait rendre la guerre illégale. Ça n’a pas t...

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