La votation qui en cache une autre

Publié le 10 février 2021

Le référendum contre l’huile de palme ne concerne, en réalité, que les échanges commerciaux entre la Suisse et l’Indonésie, qui fournit une très petite part de l’huile de palme importée. Quelles autres questions soulève-t-il? – Une usine d’huile de palme en Indonésie. © Sevki79

Alors que l'interdiction du port de la burka va capter l'essentiel du débat sur les votations fédérale du 7 mars prochain, il en est une dont le titre ne correspond pas du tout au contenu: celle qui prétend «stopper l'huile de palme».

Les citoyens-électeurs auront du boulot le 7 mars prochain: une partielle au Conseil d'Etat genevois, des communales dans les cantons de Vaud et Fribourg, trois sujets de votation fédérale dont un, chargé de stimulus identitaire: la proposition d'interdire aux femmes de s'habiller comme elles veulent en leur défendant de se voiler le visage. Les deux autres disparaissent dans le brouillard des questions apparemment trop techniques pour attendre une réponse du peuple. Et pourtant.
Et pourtant, le référendum sur l'huile de palme demande aux gens de répondre à une question qui ne leur est pas posée. Ce référendum s'intitule «Stop à l'huile de palme» et entend combattre les importations de cette denrée alimentaire en provenance d'Indonésie en appelant le peuple à rejeter un accord de libre-échange conclu entre ce pays et la Suisse. En gros, votez non, et la Suisse n'importera pas de cette huile de ce pays. Simple, apparemment.
Deux grandes puissances économiques
La question effective est: voulez-vous faciliter le commerce entre la Suisse, ses 8,5 millions d'habitants et son PIB de 740 milliards de francs environ (21 puissance économique mondiale) et l'Indonésie, 4e pays le plus peuplé au monde avec ses 275 millions d'habitants, son PIB de 1119 milliards de dollars (17e rang mondial) et ayant prouvé la vivacité de sa démocratie?
Ces échanges avoisinent le milliard de francs annuel. Ce chiffre ne fait pas du vaste Etat d'Asie du Sud-Est notre principal partenaire commercial, mais montrent tout le potentiel de développement. Or, ces échanges sont actuellement des plus classiques: la Suisse exporte principalement de la chimie, des produits pharmaceutiques et des machines, et elle importe, en retour, des chaussures, des vêtements, beaucoup d'or... et pratiquement pas d'huile de ...

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