La république américaine entre dans sa phase Marius et Sylla

Publié le 9 mai 2025
Dans la Rome des années 80 avant JC., les rivalités entre Marius, chef inclusif mais vieillissant de la faction populaire, et Sylla, riche jouisseur attaché aux valeurs traditionnelles à la tête des oligarques marquent le début du lent déclin de la République romaine. Toute ressemblance avec des personnages connus d’une république impériale bien installée en Amérique du Nord n’est pas fortuite…

Celles et ceux qui ont conservé quelques parcelles de culture latine se souviendront que la lente agonie de la république romaine avait été marquée par divers épisodes mortifères: guerre sociale engendrée des querelles sur les immigrants (Déjà! A l’époque les peuples latins d’Italie s’estimaient discriminés par les Romains qui persistaient à les considérer comme des étrangers), tentatives de coups d’Etat, rivalités entre démagogues, soulèvements d’esclaves et de rois rebelles, guerres civiles. L’un des plus saillants d’entre eux fut la querelle qui opposa Marius, chef du clan des populares (les démocrates d’aujourd’hui) à Sylla, chef des optimates (les républicains) dans les années 80 avant JC.
Marius et Sylla se connaissaient bien, le second ayant servi sous les ordres du premier en Afrique, où ils avaient combattu avec succès les troupes du roi numide Jugurtha que Sylla avait fini par capturer en 105 au grand dam de son chef. Marius, soldat sévère d’extraction populaire, avait fait une brillante carrière comme général et avait plusieurs fois obtenu le consulat. Vieillissant, il souffrait d’être écarté d’un pouvoir qu’il estimait lui revenir de droit. Sylla, jeune aristocrate désargenté mais rusé, sybarite militant, s’était refait une santé grâce aux campagnes militaires et à des mandats lucratifs dans l’administration romaine. La rivalité personnelle qui les opposait se cristallisa peu à peu dans les divisions politiques qui scindaient la société romaine en deux camps hostiles.
Quand les inégalités s’accroissent et que le pouvoir s’éloigne du peuple
Les brillantes victoires et les impressionnantes conquêtes menées par la République lors du siècle précédent – grâce à l’annexion, durant la fabuleuse année 146, à la fois de la Grèce et de l’Afrique du Nord avec la chute ...

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