Pourquoi la guerre en Ukraine va durer

Publié le 4 avril 2025
Après avoir provoqué le scandale dans une Europe convertie au bellicisme et suscité l’espoir dans le reste du monde, l’offre de négociations de paix faite par Donald Trump à la Russie est en train de s’enliser. Pour une raison simple: trop d’acteurs, à commencer par les Ukrainiens, les Européens et les va-t’en-guerre américains, ont intérêt à ce que la guerre continue. Même si un accord entre Trump et Poutine et un cessez-le-feu temporaire advenaient, ils ne mettraient pas fin aux hostilités. Pas pour le moment en tout cas.

L’examen froid et dépassionné des réalités militaires, politiques et diplomatiques du moment ne pousse guère à l’optimisme. Côté ukrainien, la volonté de paix est proche de zéro. Seuls le petit peuple et les soldats enrôlés de force souhaitent la fin de la guerre. Mais on ne leur demande pas leur avis. Les partisans du dialogue et d’une paix négociée ont été interdits ou emprisonnés. Les milieux nationalistes proches de Zelensky et la grande bourgeoisie ukrainienne qui roule en Porsche Cayenne et en Tesla dans nos rues n’y ont aucun intérêt. Ils vivent depuis trois ans aux crochets de l’Occident qui fournit sans relâche des équipements militaires, forme les troupes, guide leurs attaques, finance les voyages de fundraising à l’étranger et paie les fins de mois difficiles à coups de milliards.
Il n’y a donc aucune raison d’interrompre ce flot continu de bonnes grâces. D’autant plus que, si la paix devait survenir, il faudrait organiser des élections au risque de les perdre. Depuis que le régime de Kiev a décidé de couper court aux négociations avec la Russie en avril 2022 et tant que les avancées russes sur le terrain et les pressions de Donald Trump en faveur de vraies négociations pourront être contenues, Kiev n’a aucune raison objective de vouloir la paix. Sur le terrain, on constate d’ailleurs que l’Ukraine a tout fait pour saboter les maigres accords obtenus en continuant à bombarder des cibles énergétiques russes.
Côté européen, l’humeur est aussi à la guerre
Tous les partis politiques au pouvoir en Europe rivalisent de bellicisme, les plus militaristes étant au nord et à l’est – Scandinavie, Danemark, Pays baltes et Pologne – et les plus tièdes au centre et au sud, la Grande-Bretagne déroge à l’ouest du continent par sa fièvre militariste. Seules la Hongrie et la S...

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