Publié le 3 janvier 2025
Après huit années de guerre civile et treize ans d’un embargo économique sans pitié, ce qui frappe, ce n’est pas tant la rapidité avec laquelle le régime de Bachar el-Assad s’est effondré que l’incroyable résilience de ce dernier. Ainsi que les nombreux vautours qui virevoltent autour de la dépouille syrienne depuis 2011 et pour lesquels la situation actuelle n’est pas forcément un désavantage.

Comme nombre d’observateurs, j’ai été surpris par la rapidité avec laquelle le régime de Bachar el-Assad s’est effondré. Cet écroulement sans combat a pris de court l’ensemble des protagonistes, à commencer par le gouvernement et les rebelles eux-mêmes, en passant par toute la gamme des amis qui leur voulaient du bien mais n’attendaient que le moment propice pour planter leurs griffes dans ce qui restait du gâteau: Israéliens, Turcs, Américains, Russes, Kurdes, Qataris et Iraniens, pour ne citer que les plus importants. (On pourrait y rajouter les Français, les Saoudiens, les Emiratis…)
Pourtant, quand on l’examine de près, la liste des vautours qui virevoltent autour de la dépouille syrienne depuis 2011 est si longue qu’elle explique à elle seule la chute du régime de Bachar. Après huit années de guerre civile et treize ans d’un embargo économique sans pitié, ce qui frappe, c’est plutôt l’incroyable résilience de Bachar que son naufrage.
Bachar el-Assad et l’inappétence du pouvoir
Cela étant dit, la personnalité du président déchu a aussi joué un rôle. Un de mes amis, diplomate russe arabisant en poste à Damas et à Beyrouth pendant douze ans, m’a raconté l’anecdote suivante, qui explique bien l’inappétence de Bachar pour le pouvoir. Au début des années 1980, sa grand-mère souffrait d’une grave maladie des yeux que son fils, Hafez, souhaitait soulager. Le dictateur fit appel à ses amis de l’ambassade soviétique pour solliciter une expertise médicale. Aussitôt dit, aussitôt fait. Une équipe russe se rendit dans la maison familiale de la montagne alaouite où vivait la grand-mère et fit alors la connaissance de Bassel, le frère aîné déjà taillé pour prendre la succession de son père, et de Bachar, le deuxième fils, alors âgé d’une quinzaine d’années et d’un tempérament bea...

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