Daniel Blanchard raconte sa life

Publié le 12 mai 2023
Sévère mais chaleureux récit de 89 ans d’une vie d’activiste, de poète, d’écrivain, de penseur politique, et ceci sans aucune mystification et avec une célébration constante de valeurs authentiques, «La Vie sur les crêtes» de Daniel Blanchard est un chef-d’œuvre de modestie.

Notre auteur, né en 1934, a grandi dans les Alpes, attendant avec sa mère, sa sœur et son frère, leur père, enseignant communiste, parti rejoindre la Résistance. Il en a gardé un certain nombre de valeurs, une persistance en lui de la montagne, une saveur, une fraîcheur, le goût de l’eau qu’on boit sur la roche. D’où, sans doute, la franchise, la clarté et la limpidité avec lesquelles il pose tout au long de son livre le bilan de sa longue existence.
Cornelius Castoriadis et Socialisme et Barbarie
En 1956, Daniel Blanchard qui assiste à sa première réunion de Socialisme et Barbarie demande la parole et en parlant découvre ses idées. Castoriadis le félicite! Mais c’est un autre homme, Véga, qui a participé à la révolution espagnole dans les rangs du POUM, qui vient lui proposer de se revoir et qui va le former en lui faisant lire un choix de textes de penseurs d’extrême et d’ultragauche, et chez qui il passera de longs moments à tout apprendre sur la révolution espagnole. Quand il se sent prêt et demande à participer à leurs réunions, Vega lui dit de se trouver un pseudonyme. Ce sera Canjuers, un haut plateau des gorges du Verdon.
A deux ou trois dizaines, complètement ignorés du reste du monde, ils tiennent donc une réunion  par semaine, pendant laquelle les discussions sont vives mais ne tournent jamais au règlement de comptes personnel. De temps en temps, avec d’autres jeunes membres du groupe, Canjuers se rend rue du Cherche-Midi, chez Castoriadis, où dans une ambiance chaleureuse il découvre à la fois Billie Holiday et le whisky.
En 1963, le débat sur le capitalisme moderne tournant à l’aigre, pas mal partent et dorénavant, le mouvement n’aura plus qu’une voix, celle de Castoriadis qui affirme que les gens se sont repliés sur leur vie privée et qui ne voit donc pas ...

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