Une peur de plus en France: l’islamisme. Ou simplement l’islam?

Publié le 23 mai 2025
A trop attiser la peur et la haine, les dirigeants et médias français risquent d’en oublier l’attachement républicain à la liberté des opinions et des croyances, lequel doit aussi s’affirmer. Haut et fort.

Les dirigeants français d’aujourd’hui adorent ça: touiller le pot aux trouilles. Après celle de l’invasion russe, celle de l’islamisme. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, désigné président des Républicains, fort de sa popularité et de ses grandes ambitions, a distillé à petits coups un rapport sur l’influence des Frères musulmans en France. Sûr de son effet.
Cette mouvance née dans les années 30 en Egypte où elle est interdite aujourd’hui comme dans la plupart des pays arabes a ses subtilités, illustrées par le talentueux Genevois Tariq Ramadan. Sa doctrine? «Allah est notre objectif, le Prophète notre chef, le Coran notre Loi, le djihad notre voie, la mort sur la voie d’Allah notre plus cher espoir». Mais ses activistes font preuve par ailleurs d’une grande habileté. Ils savent modérer leurs propos, prôner même le respect des lois étatiques, jusqu’à vanter les droits humains. Leur virtuosité tactique est remarquable. C’est bien pourquoi les pouvoirs les ont en horreur dans le monde arabe. A l’exception du Qatar, du Koweït, de Bahreïn, de la Libye… et du Hamas à Gaza. De la Syrie aussi où ils ont eu une certaine influence, plus hier qu’aujourd’hui. 
Mais leur rôle dans l’islam moderne reste très limité. Les «Frères» ne seraient guère plus d’un millier en France réussissant cependant à mettre les pieds en douce, c’est connu depuis longtemps, dans nombre de mosquées, d’écoles et de certaines universités. Il existe d’autres tentacules islamistes peut-être plus redoutables. Ce que l’on appelle «l’entrisme religieux», «frériste» ou pas, dont l’éducation est un problème bien réel.
Ce qui est justifié et ce qui ne l’est pas
Qu’un Etat attentif à la démocratie et aux droits humains surveille de tels courants, qu’il punisse les enfreintes aux lois, c’est justifié. Mai...

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