Ukraine: après l’échec militaire, la débâcle morale

Publié le 6 octobre 2023
L’emphase mise sur les succès tactiques ukrainiens et les coups diplomatiques tels que l’attaque du commandement de la marine russe à Sébastopol ou la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE à Kiev ne trompe que les crédules. La terrible réalité, c’est que la contre-offensive ukrainienne a échoué et que des dizaines de milliers d’hommes ont été sacrifiés pour rien.

Cet échec pose donc plus que jamais la question que personne en Occident n’ose soulever: est-il moralement justifié de poursuivre un massacre inutile, insensé, en vue d’atteindre un objectif inatteignable, la défaite de la Russie, sous un prétexte, la défense des droits de l’Homme et de la civilisation, dont nos gouvernants se fichaient comme de colin-tampon lorsqu’il s’agissait d’agresser la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie et bien d’autres pays?
Après dix-huit mois de guerre, il faut se rendre à l’évidence, l’armée ukrainienne n’a reconquis, en quatre mois de contre-offensive, que 0,25% des territoires perdus en 2022, constatait avec amertume la presse américaine à la fin du mois d’août. A ce rythme, il faudrait 130 ans pour les récupérer. Un résultat dérisoire obtenu au prix de dizaines de milliers de morts et de blessés par mois, selon les dernières estimations américaines. Le compte macabre est vite fait, l’Ukraine aura annihilé sa population mâle en âge de combattre en moins de dix ans. 
Un mois plus tard, le 28 septembre, le constat du New York Times, la bible du courant néoconservateur belliciste nord-américain, était encore plus amer: depuis le début de l’année, 500 km2 ont changé de main en faveur des Russes, contre 200 seulement en faveur de l’Ukraine…
Le fait que le FMI, puis la BERD ont successivement annoncé que la croissance économique russe pour l’année 2023 serait deux fois supérieure à celle de la zone euro, soit +1,5% contre +0,8% (Allemagne: -0,6%), n’est pas pour rassurer non plus. On est loin des -50% anticipés par les Européens en février 2022! Et cela malgré les milliers de sanctions prises contre la Russie. Moscou vient d’ailleurs d’augmenter ses dépenses militaires pour 2024 à 105 milliards de dollars, à 6% du PIB, sans incidence sur s...

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