S comme Schüpbach

Publié le 18 février 2021

Marcel Schüpbach. – © Jean-Pierre Mottier

Auteur d'une poignée de longs-métrages remarqués et pilier de l'émission « Temps présent», le réalisateur vaudois Marcel Schüpbach livre ses souvenirs sous forme de brefs «Instantanés», tour à tour captivants, frustrants et éclairants, parus cher Bernard Campiche Editeur.

Nos cinéastes n’ont pas trop l’habitude de se raconter. Une interview au sujet d’un nouveau film, passe encore, mais un livre pour étaler sa vie? Certes, on peut se souvenir des appréciables Ciné-mélanges en forme d’abécédaire d’Alain Tanner (2007), plus leçon de cinéma que mémoires, et surtout du frappant Swiss Paradise de Rolf Lyssy (2010), chronique d’une dépression plutôt que de toute une existence vouée au 7e art. Mais au-delà? Sur ce terrain à peu près vierge, voici à présent le Vaudois Marcel Schüpbach, né en 1950 à Zurich, cinéaste retraité. Après s’être essayé au roman (Deuxième vie, Campiche, 2018), le voici qui livre des Instantanés de son demi-siècle de carrière. 

Schüpbach? Ceux qui n’auraient pas vu ses trop rares longs-métrages de cinéma (L’Allègement, Happy End, Les Agneaux, B comme Béjart, La Liste de Carla) sont sûrement tombés un jour ou l’autre sur un de ses nombreux reportages pour la TSR/RTS, sans avoir forcément retenu son nom. C’est là le paradoxe central de ces mémoires: elles sont le fait d’un quasi-inconnu, dont l’exigence et le talent n’ont d’égales que la modestie et la discrétion. Quant au parcours qui s’y esquisse, il est à la fois unique et très (trop) typique.

Dans ce petit ouvrage composé d’une trentaine de chapitres d’environ quatre pages, chacun consacré à un tournage, on peut très bien picorer au hasard. Mieux vaut pourtant prendre par le début. Comme souvent dans le genre autobiographique, le meilleur se trouve là, dans la reconstruction d’une vocation. Dans le...

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