Merci pour votre liberté de ton et d’esprit, Monsieur Ruquier!

Publié le 26 novembre 2020
«Oh pardon, j’ai postillonné: trois morts!», coupure de paroles aux invités, questions impertinentes et fort pertinentes à la ministre de la culture Roseylne Bachelot: l’animateur Laurent Ruquier s’est lâché dans «On est (presque) en direct» sur France 2 le samedi 14 novembre dernier. Cette liberté de ton et d’esprit, de plus en plus rare dans les médias publics, fait du bien. Quoi que l’on pense des uns et des autres et de la gestion du virus.

Le nouveau rendez-vous du samedi soir sur «la 2» n’a rien d’exceptionnel en soi. Il peut même engendrer quelque lassitude, reprenant les défauts des dernières saisons de son prédécesseur, «On n’est pas couché»: trop d’entre-soi, trop de paroles convenues, d’humour attendu. Tout cela est vrai, mais ce qui s’est passé le samedi 14 novembre 2020 fait de cette soirée une très bonne édition, de loin la meilleure depuis le début de l’émission. D’excellents invités, et variés, des sujets actuels tout en étant abordés avec la distance nécessaire, mais surtout Ruquier.
Quand Ruquier se lâche
Face à la ministre de la culture Roselyne Bachelot, qu’il assume beaucoup apprécier (et c’est ce qui rend encore plus fort son entretien), le présentateur n’a pas mâché ses mots: «On en est arrivé à quelque chose d’incroyable: […] à raison les libraires ont dit "pourquoi nous on doit fermer alors qu’on peut acheter des livres dans des supermarchés" et ensuite on s’est dit que le gouvernement allait rouvrir les librairies, mais non, on a supprimé les rayons des livres des supermarchés!» Et, face aux explications, de dire à la ministre que sa grand-mère, Corentine, ne pourrait pas aujourd’hui trouver de livre pour apprendre à lire et à écrire à côté de son métier de bonne, comme elle le fit jadis.
Mieux, quand la ministre a affirmé qu’elle était en train de tout faire en sorte pour que les librairies rouvrent (en même temps, qui ne l'affirmerait pas), Laurent Ruquier a déclaré à quel point cela lui faisait du bien – ainsi que certainement à des millions de Français – d’obtenir un peu d’espoir. Taclant le plus haut sommet de l’Etat au passage:
« D’espoir, on en manque! On a l’impression que chaque jour que parle M. Verran ou M. Castex, ils nous annoncent une mauvaise nouvelle, même pas pour la ...

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