Manouchian au Panthéon: les dessous de «L’Affiche rouge»

Publié le 23 juin 2023
Missak Manouchian entrera au Panthéon le 21 février 2024, 80 ans jour pour jour après avoir été fusillé au Mont-Valérien par l’armée nazie en compagnie de ses vingt-et-un camarades, comme lui résistants communistes. «L’Affiche rouge» les avait immortalisés, tardivement. Le Parti communiste avait bien des choses à se reprocher à leur égard.

Né en 1906 en Arménie ottomane, Missak ou Michel Manouchian échappe de justesse au génocide turc contre les Arméniens. Il se réfugie en France dès 1925. Cet ouvrier menuisier, puis tourneur, est aussi poète; il étudie en autodidacte et devient rédacteur en chef de Zangou, journal des communistes arméniens en France.
Pendant l’occupation nazie, Missak Manouchian dirige un groupe des FTP-MOI (Francs-Tireur et Partisans-Main d’Œuvre Immigrée). Composés de travailleurs étrangers communistes, les FTP-MOI constituent l’un des fers de lance de la guérilla urbaine que mène le PCF (Parti communiste français) contre l’occupant.
Arrêtés par la police parisienne
Manouchian et son groupe sont arrêtés le 16 novembre 1943 par les policiers français de la Brigade Spéciale No.2 chargée de mener la chasse aux résistants au sein de la Préfecture de Police de Paris. Sa femme Mélinée, que «l’Affiche rouge» rendra célèbre, parvient à s’échapper de justesse et sera cachée par la famille Aznavourian dont l’un des enfants est un certain Charles Aznavour.
Après avoir été torturé, Missak Manouchian est livré à la Geheime Feldpolizei – l’équivalent de la Gestapo pour la Wehrmacht – avec 22 autres membres de son groupe.
Après une parodie de procès, les 23 sont condamnés à mort. 22, dont leur chef Missak Manouchian, seront fusillés au Mont-Valérien près de Paris le 21 février 1944. La seule femme du groupe, Olga Bancic, roumaine juive et communiste, sera guillotinée à Stuttgart le 10 mai de la même année, les nazis estimant sans doute qu’une femme n’avait pas droit à «l’honneur» d’être fusillée comme un combattant.
La propagande qui va à fin contraire
Juste avant d’être passés par les armes, Manouchian et dix autres condamnés sont photographiés. Les officiers de la Gestapo militaire les ont choisis ...

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