Le Royaume-Uni gagné par l’angoisse d’un conflit total

Publié le 2 février 2024
«Le Monde» se fait l’écho d’une panique qui monte au Royaume-Uni. Plusieurs haut gradés de l’armée britannique et des spécialistes de la défense l’affirment: s'il se déclarait demain un conflit militaire d'ampleur en Europe de l’Ouest, le pays serait incapable d'y faire face. Son armée serait dans un état «préoccupant». Parmi les pistes d’amélioration et de préparation à la guerre, le rétablissement de la conscription, suspendue en 1960, est évoqué.

Bientôt à la retraite, le général Patrick Sanders, chef d'état-major de l'armée de terre, a sonné le tocsin le 24 janvier dernier. Dans l’hypothèse, plus que crédible selon lui, d’une guerre ouverte entre l’OTAN et la Russie, l’armée britannique ne ferait pas le poids. Le Royaume-Uni ne serait pas prêt à un conflit de la nature de celui qui fait rage en Ukraine. Il conviendrait donc, selon le général, de «placer nos sociétés sur le pied de guerre», en prenant exemple notamment sur la Suède, qui vient de réintroduire une forme de service militaire.
Du côté des politiques, et particulièrement dans le camp des Tories au pouvoir, les réactions n'ont pas tardé. Le Premier ministre Rishi Sunak et le ministre de la Défense refusent de considérer autrement que comme «hypothétiques» les prévisions de sir Sanders. L’armée britannique est traditionnellement une armée de volontaires et a vocation à le rester, disent-il.
Le fait est que, selon Andrew Dorman, spécialiste des questions de sécurité au King’s College de Londres, cité par le quotidien du soir: «L’armée a du mal à recruter et à retenir ses personnels, et ses équipements sont vieillissants. Le processus de recrutement des personnels a été sous-traité et n’est pas assez efficace. Beaucoup de personnels quittent l’armée parce que les salaires sont insuffisants mais aussi à cause de l’état déplorable des logements pour les familles. Il n’y a pas eu suffisamment d’investissements ces quinze dernières années».
Un rétablissement de la conscription permettrait en effet de mettre un terme au problème du recrutement, mais le pays (et sa jeunesse) est-il prêt à se mettre en ordre de bataille? 
Un ex-commandant en chef adjoint de l’OTAN appuie: il faut se mettre à «penser l’inimaginable». Des militaires à la retraite, une ancienne mi...

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