Publié le 28 février 2025
Les décisions du Conseil de sécurité des Nations-Unies du 24 février sur la fin de la guerre en Ukraine sont remarquables à plus d’un titre: fruit de la nouvelle dynamique des relations russo-américaines, elles sont les premières résolutions importantes en matière de paix votées en 14 ans. Elles illustrent par ailleurs l’affaiblissement de la position jusqu’au-boutiste des Européens.

Qui l’eût cru? Après que Trump eut fragilisé le système international en se retirant de l’OMS et du Conseil des droits de l’homme, il remet la diplomatie multilatérale au centre du jeu politique en présentant à l’ONU, le 24 février, deux résolutions sur la fin de la guerre en Ukraine. La première, votée à l’Assemblée générale, a été approuvée par 93 voix contre 18 (et 65 abstentions). Fait remarquable, les Etats-Unis ont suivi la Russie pour voter contre le texte qu’ils avaient eux-mêmes proposé après que l’Assemblée eut adopté trois amendements européens favorables aux positions ukrainiennes. En effet, les Européens ont tenu à rajouter trois amendements au projet déposé par les USA:

Le premier remplace la description du «conflit russo-ukrainien» par «invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie», ce qui sous-entend que la Russie a commis un acte d’agression.
Le deuxième réaffirme l’engagement de l’ONU pour la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine – et rejette donc toute notion de concessions territoriales sur la Crimée et les oblasts du Donbass.
Le troisième souligne encore l’importance de l’amendement précédent en appelant à une paix qui respecte les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.

La procédure à l’Assemblée générale veut que les Etats représentés se prononcent d’abord sur les amendements et ensuite sur le texte complet amendé. Les trois amendements ont été adoptés à la majorité simple et les Etats-Unis ont fait le choix, avec la Russie et 16 autre pays, de voter contre.
Des casques bleus en Ukraine?
La seconde résolution, plus importante parce qu’approuvée par le Conseil de Sécurité, donc en principe juridiquement contraignante contrairement à la première, ne reprend pas les amend...

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