A Iquitos avec Claudia Cardinale

Publié le 26 septembre 2025

Claudia Cardinale dans «Fitzcarraldo». – © DR

On peut l’admirer dans «Il était une fois dans l’Ouest». On peut la trouver sublime dans le «Guépard». Mais pour moi Claudia Cardinale, décédée le 23 septembre, restera toujours attachée à la ville péruvienne où j’ai assisté, par hasard et assis près d’elle, à la présentation du film «Fitzcarraldo».

En mai 1983, au milieu de ma descente de l’Amazone, je me trouvais dans la ville péruvienne d’Iquitos à la recherche d’un bateau pour Leticia ou Benjamin Constant quand mon hôte m’annonça l’arrivée en ville du réalisateur Werner Herzog et de l’actrice Claudia Cardinale.

J’étais dans un piteux état. J’arrivais de Pucallpa, plus haut sur le rio Ucayali, et la veille j’avais dû d’urgence me faire enlever une dent infectée. Le taxi qui m’amenait chez le dentiste, ou l’arracheur de dents, comme on voudra, avait dû s’arrêter pour laisser passer un gros anaconda qui traversait la route sans se presser… Iquitos n’était encore qu’une ville modeste, enclavée dans la selva, qui vivait chichement autour de son port de Belen et qui n’était reliée au monde que par son petit aéroport depuis que le boom du caoutchouc était retombé.

Klaus Kinski, l’acteur principal, n’était pas là mais les deux stars étaient descendues en ville pour présenter à la population «Fitzcarraldo», qui avait été tourné dans la région l’année précédente. Le cinéma de la ville était bondé et, par hasard, je me suis retrouvé assis sur le siège voisin de Werner Herzog, pas très loin de la grande actrice.

J’ai découvert le film en même temps que les habitants d’Iquitos. Je me souviens d’une ambiance survoltée, avec un public hystérique qui saluait à grands cris non pas la star, mais chacune de ses propres apparitions à l’écran. La salle était en effet remplie de figurants, à qui cette séance était consacrée,...

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