Défense suisse: «Non à une puissance armée, oui à une puissance de paix»

Publié le 17 juillet 2020
Un livre qui tombe à pic. A trois mois de la votation sur l’achat de futurs avions de combat auquel il est opposé, le socialiste jurassien Pierre-Alain Fridez, conseiller national, membre de la Commission de politique de sécurité, publie un ouvrage qui nourrira utilement le débat. Son titre: «Sécurité et défense de la Suisse. Casser les tabous, oser les solutions». Rien d’un brûlot, venant de cet ancien antimilitariste converti, dit-il, au pragmatisme. Mais tout d’un manuel repensant la stratégie et la dimension de l’armée suisse.

A son arrivée au Conseil national, en décembre 2011, le docteur Pierre-Alain Fridez s’est retrouvé, sans l’avoir demandé, dans la Commission de politique de sécurité. Lui qui rêvait de s’occuper de santé… En réalité, cet ancien partisan de l’abolition de l’armée – il avait voté « oui » en 1989 – a tout de suite « croché » à cette matière. D’emblée, il a été membre d’une commission d’enquête parlementaire relative à la procédure d’acquisition des avions de combat Gripen. Quelque chose de très concret, d’assez excitant. Et maintenant, de sa part, un livre programmatique dans un domaine devenu familier. 

A quel moment avez-vous décidé d’écrire ce livre?
Cela date de ma participation, en 2014, à l’émission «Infrarouge» de la RTS dans le cadre de la campagne pro et anti-Gripen, justement. Sur le plateau, je faisais figure d’opposant face au chef du Département de la défense Ueli Maurer. Qui, à l’appui de son plaidoyer, m’invitait à aller voir en Ukraine, à 2000 km de chez nous, où la guerre sévissait. Ma réponse avait été très mauvaise. J’ai alors commencé à potasser le sujet. Après ma réélection en 2015, je suis entré au Conseil de l’Europe. Ce fut comme un déclic. Roger Nordmann, président du groupe socialiste au parlement fédéral, qui a préfacé mon livre, m’a proposé de rédiger une sorte de « livre blanc » sur les affaires de défense à l’attention du Parti socialiste.
Le PS a une culture antimilitariste…
Je n’ignore pas que le PS est historiquement abolitionniste. Mais voilà, à Berne se votent les crédits, c’est là qu’on essaie d’améliorer les choses. Je me suis donc lancé dans ce travail. J’ai lu une cinquantaine de bouquins. J’ai rédigé en 2017 un rapport d’une quarantaine de pages, devenu l’année suivante une base idéologique du groupe parlementaire socialiste sur ces...

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