Quand notre culture revendique le «populaire de qualité»

Publié le 5 septembre 2025
Du club FipFop aux mémorables albums à vignettes des firmes chocolatières NPCK, ou à ceux des éditions Silva, en passant par les pages culturelles des hebdos de la grande distribution, une forme de culture assez typiquement suisse a marqué la deuxième décennie du XXe siècle et jusque dans la relance du festival de Locarno... Et maintenant, entre clics et «likes»?

On ne va pas se la jouer vieille savate traînant sa nostalgie du «bon vieux temps», mais quand même: sans donner dans l’exaltation du «monde d’avant», pourquoi se gêner de rappeler ce qu’il y eut de parfois singulier dans les initiatives préludant à la défense, en Suisse, d’une culture «populaire de qualité» relancée ces dernières années par le tandem Couchepin-Jauslin au Festival de Locarno, sous l’œil complice de Frédéric Maire…Celui-ci est trop jeune, sans doute, pour avoir connu le club FipFop, disparu en 1959, deux ans avant sa naissance. Or, ledit club, fondé en 1926 par la firme Nestlé, a bel et bien innové dans le domaine de l’initiation au cinéma en proposant, aux enfants de 5 à 15 ans – interdits de cinéma à l’époque –, des projections de films documentaires et autres pellicules d’animation – avec des éléments autopublicitaires en bonus –, quelque 500 séances annuelles étant proposées en plus de 300 lieux de projection, auxquelles s’ajoutait la distribution d’un petit journal tiré à 120 000 exemplaires. Pour la somme d’un franc, vous deveniez membre du club FipFop, avec la bénédiction au garde-à-vous du général Guisan, membre d’honneur dès 1940. Parallèlement, les albums des éditions Silva, selon le même principe des points, «cartonnaient» en 1959 avec deux millions d’exemplaires, alors que la revue Silva atteignait les 400 000 lecteurs rien qu’en Suisse romande…
Textes de bon niveau, jolies vignettes 
Persuasion clandestine à fins commerciales que tout ça? En partie sans doute, mais les parents et enseignants de l’époque, alertés à ce propos, n’incitaient pas moins la firme lacto-chocolatière, s’agissant du club FipFop, à garantir la qualité du contenu de son offre cinéphilique, lequel contenu, «populaire de qualité» avant la lettre, se retrouvera dans l’orie...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Culture

Ecrivaine, éditrice et engagée pour l’Ukraine

Marta Z. Czarska est une battante. Traductrice établie à Bienne, elle a vu fondre son activité avec l’arrivée des logiciels de traduction. Elle s’est donc mise à l’écriture, puis à l’édition à la faveur de quelques rencontres amicales. Aujourd’hui, elle s’engage de surcroît pour le déminage du pays fracassé. Fête (...)

Jacques Pilet

A Iquitos avec Claudia Cardinale

On peut l’admirer dans «Il était une fois dans l’Ouest». On peut la trouver sublime dans le «Guépard». Mais pour moi Claudia Cardinale, décédée le 23 septembre, restera toujours attachée à la ville péruvienne où j’ai assisté, par hasard et assis près d’elle, à la présentation du film «Fitzcarraldo».

Guy Mettan
Accès libre

Superintelligence américaine contre intelligence pratique chinoise

Alors que les États-Unis investissent des centaines de milliards dans une hypothétique superintelligence, la Chine avance pas à pas avec des applications concrètes et bon marché. Deux stratégies opposées qui pourraient décider de la domination mondiale dans l’intelligence artificielle.

Locarno à l’heure anglaise: de belles retrouvailles

La rétrospective «Great Expectations – Le cinéma britannique de l’après-guerre (1945-1960)» du 78e Festival de Locarno n’a pas déçu. Dans un contexte de réadaptation à une économie de paix, le caractère britannique y révèle ses qualités et faiblesses entre comédies grinçantes et récits criminels. Grands cinéastes et petits maîtres ont (...)

Norbert Creutz

Jean-Stéphane Bron plaide pour une diplomatie «de rêve»

Plus de vingt ans après «Le Génie helvétique» (2003), puis avec l’implication politique élargie de «Cleveland contre Wall Street» (2010), le réalisateur romand aborde le genre de la série avec une maestria impressionnante. Au cœur de l’actualité, «The Deal» développe une réflexion incarnée, pure de toute idéologie partisane ou flatteuse, (...)

Jean-Louis Kuffer

Quentin Mouron ressaisit le bruit du temps que nous vivons

Avec «La Fin de la tristesse», son onzième opus, le romancier-poète-essayiste en impose par sa formidable absorption des thèmes qui font mal en notre drôle d’époque (amours en vrille, violence sociale et domestique, confrontation des genres exacerbée, racisme latent et dérives fascisantes, méli-mélo des idéologies déconnectées, confusion mondialisée, etc.) et (...)

Jean-Louis Kuffer

«L’actualité, c’est comme la vitrine d’une grande quincaillerie…»

Pendant de nombreuses années, les lecteurs et les lectrices du «Matin Dimanche» ont eu droit, entre des éléments d’actualité et de nombreuses pages de publicité, à une chronique «décalée», celle de Christophe Gallaz. Comme un accident hebdomadaire dans une machinerie bien huilée. Aujourd’hui, les Editions Antipode publient «Au creux du (...)

Patrick Morier-Genoud

Le sexe au cinéma: un siècle d’échecs

L’histoire du cinéma témoigne qu’il est souvent plus efficace de suggérer les rapports érotiques entre protagonistes plutôt que de les montrer crûment. D’autant qu’ils n’apportent souvent rien à la compréhension du scénario ni à la profondeur des personnages. Moins on en fait, plus on en dit.

David Laufer
Culture

A Gaza, la poésie survit sous les bombes

L’armée israélienne détruit méthodiquement Gaza avec la volonté affichée de faire disparaître non seulement les Palestiniens qui y vivent mais aussi leur culture. Une anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui vient de paraître, regroupant les poèmes de vingt-six autrices et auteurs − dont certains ont été tués par les bombes (...)

Patrick Morier-Genoud

Quand le Festival bat son plein tous les Seniors n’ont pas le blues…

L’esprit du temps et le commerce obligeant: tous devraient hurler de joie, au risque sinon d’être taxés de ronchons. Mais la fête obligatoire ne suppose-t-elle pas que tous y soient conviés? Et si l’on poussait alors la logique à bout: si tout le monde se ruait au Montreux Jazz Festival, (...)

Jean-Louis Kuffer

Intelligence artificielle: les non-dits

On nous annonce une révolution avec l’arrivée invasive et fulgurante de l’IA dans nos vies, nos modes d’apprentissage et de production et, surtout, la mise à disposition de l’information immédiate et «gratuite» sans effort, objet central ici. Or nous ne mesurons aucunement ce que cela signifie vraiment.

Jamal Reddani

Quand Max Lobe dit le Bantou s’en va goûter chez Gustave Roud…

«La Danse des pères», septième opus de l’écrivain camerounais naturalisé suisse, est d’abord et avant tout une danse avec les mots, joyeuse et triste à la fois. La «chose blanche» romande saura-t-elle accueillir l’extravagant dans sa paroisse littéraire? C’est déjà fait et que ça dure! Au goûter imaginaire où le (...)

Jean-Louis Kuffer
Accès libre

Combien de temps l’humanité survivrait-elle si l’on arrêtait de faire des enfants?

Suffit-il de calculer l’espérance de vie maximale d’un humain pour deviner combien de temps mettrait l’humanité à disparaître si l’on arrêtait de se reproduire? Pas si simple répond l’anthropologue américain Michael A. Little.

Bon pour la tête

Masculin et féminin: on n’en a pas fini avec les stupidités

C’est le spermatozoïde le plus rapide, le plus fort et le plus malin qui féconde l’ovule, essaie-t-on de nous faire croire. Ainsi, certaines positions sexuelles favoriseraient les mâles rapides, d’autres les femelles résistantes. C’est bien sûr beaucoup plus subtil que ça, plus intelligent. La vie n’est pas une course.

Patrick Morier-Genoud

Faut-il vraiment se méfier de Yuval Noah Harari?

La trajectoire du petit prof d’histoire israélien devenu mondialement connu avec quatre ouvrages de vulgarisation à large spectre, dont Sapiens aux millions de lecteurs, a suscité quelques accusations portant sur le manque de sérieux scientifique de l’auteur, lequel n’a pourtant jamais posé au savant. D’aucun(e)s vont jusqu’à le taxer de (...)

Jean-Louis Kuffer

Ces bactéries qui survivent dans l’espace

Une équipe de chercheurs chinois a détecté un micro-organisme d’une nouvelle espèce sur les surfaces internes du matériel de la station spatiale Tiangong, expliquent nos confrères de «L’Espresso». Il s’agit d’une bactérie qui résiste à la microgravité et aux radiations spatiales.

Simon Murat