Les pays nordiques souhaitent revenir à l’argent liquide

Publié le 11 avril 2025

Les Suédois devraient à nouveau avoir plus d’argent liquide dans leur portefeuille. – © Depositphotos

Face au constat que l’argent virtuel est trop vulnérable face aux crises, la Suède et la Norvège, pourtant championnes des paiements numériques, travaillent à renforcer les transactions en espèces.

Daniela Gschweng, article publié sur Infosperber le 7 avril 2025, traduit et adapté par Bon pour la tête 


La Suède est considérée comme le pionnier de la société sans espèces. «Le pays devrait se passer d’argent liquide d’ici 2025», avait même prédit le président de la Banque centrale suédoise en 2018.

Aujourd’hui, dans la vie quotidienne, on ne paie pratiquement plus qu’avec une carte de crédit ou une application mobile. La Suède et la Norvège ont d’ailleurs le plus faible flux d’espèces au monde par rapport à leur produit intérieur brut (PIB), rapporte le journal britannique The Guardian. Certaines succursales bancaires en Suède n’acceptent plus d’espèces et n’en distribuent plus non plus. Mais cela devrait bientôt changer.

Les risques de la monnaie numérique

Car la Suède veut à nouveau augmenter les transactions en espèces. Et on ne parle pas juste des marchés aux puces, des kiosques ou des pourboires. La perspective suédoise sur la monnaie numérique a changé, notamment en raison du conflit en Ukraine. Elle n’est plus considérée comme suffisamment résistante aux crises. La numérisation signifie également que le paiement n’est plus possible en cas de panne de courant ou de réseau de données ou de tout autre incident technique.

À cela s’ajoute les critiques croissantes à l’encontre des grandes entreprises technologiques qui possèdent les services de paiement. Les méthodes de paiement numériques ont d’ailleurs toujours été critiquées pour leur manque d’inclusion et de protection des données.

En novembre 2024, le ministère suédois de la Défense a même conseillé aux ménages suédois, dans une brochure, d’utiliser régulièrement des espèces et d’en avoir une réserve à la maison afin d’être préparés aux «crises et à la guerre».

Si l’efficacité est importante, la sécurité l’est davantage

«L’efficacité est importante, mais il est plus important encore que chacun puisse continuer à payer en cas de crise», selon le Guardian qui cite la Banque centrale suédoise. Une enquête publique a révélé que certains organismes publics et privés devraient à nouveau être obligés d’accepter les espèces.

De son côté, la Norvège a introduit l’année dernière une telle obligation pour les détaillants, en faisant valoir que le paiement sans espèces est trop vulnérable aux pannes de courant et aux cyberattaques. «Si plus personne n’accepte d’argent liquide, le cash ne sera plus une solution de secours», a déclaré l’ancienne ministre norvégienne de la Justice et des Situations d’urgence, Emilie Mehl.

Dans son dernier rapport, la Banque fédérale d’Allemagne a également rappelé qu’en cas de crise, «une infrastructure intacte pour l’approvisionnement en espèces doit être disponible à l’avenir». Actuellement, la disponibilité de l’argent liquide dans le pays est en baisse, a rapporté le «Tagesschau».

Les affirmations selon lesquelles la Suède et la Norvège auraient tout bonnement supprimé les virements bancaires numériques ou que l’UE envisagerait de son côté de supprimer l’argent liquide, sont toutefois absurdes, souligne la chaîne «Euro Verify».


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