Ukraine: la langue roumaine menacée

Depuis 2017 la loi impose que la plupart des heures d’enseignement soient données en ukrainien, obligatoirement dans certaines branches. Sous pression de l’UE, la rigueur du texte a été légèrement atténuée. Mais l’inquiétude reste grande dans cette communauté. «Le gouvernement a mis en place cette loi, considérant que l’ukrainien n’était pas assez bien parlé par certains. Je vous assure que, en ce qui concerne la minorité roumaine, les jeunes parlent les deux langues sans problème» affirme Nicolae Șapca, éditeur, à Hylboka, d’un journal en ukrainien et un autre en roumain qui ne survit qu’avec l’aide du gouvernement roumain. «Depuis que les écoles roumaines ont été créées il y a deux cents ans, nous n’avions jamais été forcés d’abandonner l’enseignement dans notre langue. Pas même sous l’Union soviétique, qui nous a pourtant déportés par milliers», ajoute Elena Nadirs, ancienne maire de Mahala. «Dit comme ça, lance-t-elle, on peut avoir l’impression que nos élèves pourront toujours bien maîtriser le roumain. Mais en réalité, cela diminue drastiquement l’enseignement dans notre langue maternelle, soutient-elle. Si aujourd’hui, nous pouvons expliquer toutes les terminologies dans les deux langues pendant un cours, il sera ensuite impossible de le faire aussi en roumain dans certaines matières. Nous serions hors-la-loi. Nos enfants perdront la capacité à parler leur langue correctement, et notre culture se perdra avec elle.»
Kiev et Bucarest s’efforcent de calmer le jeu. Après une visite de Volodymyr Zelensky en Roumanie, le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, s’est rendu dans la capitale ukrainienne afin de signer officiellement des accords de coopération. Il a toutefois rappelé que «la Roumanie souhaite l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, mais que cette adhésion nécessite de respecter des règles concernant les droits des minorités, règles que la Roumanie a elle-même respectées.» La Roumanie reconnaît en effet 19 minorités nationales – dont les Ukrainiens autochtones – représentées au Parlement, et soutenues financièrement par le gouvernement.
Lire l’article original.
À lire aussi