Sonnez clairons, guerre froide en vue!

Il a peu été question du document publié mi-février par l’OTAN sur sa vision à l’horizon 2030. Il désigne l’ennemi principal, la Chine. Redoutée pour ses ambitions militaires, technologiques et économiques. Et annonce aussi un durcissement face à la vieille Russie bien qu’elle n’ait pas de visée mondialistes et que ses moyens soient faibles. Son budget militaire est de 70 milliards de dollars, celui de l’OTAN de 1000 milliards: on comprend pourquoi Poutine parle encore de pourparlers en vue de cesser la course aux armements. Sans le moindre succès.
Le bras armé international des Etats-Unis bande au contraire tous ses muscles. Il déclare que désormais, il pourra intervenir partout, sans feu vert onusien, sans consultations compliquées, associant tel ou tel non-membre à ses opérations. Cela sous un pouvoir renforcé et concentré du général américain qui dirigera cette galaxie. Les partenaires de l’alliance – autrefois atlantique, aujourd’hui universelle – sont invités à se mettre au pas.
Bonjour, l’ambiance. Biden traite Putin de «tueur» et annonce une volée de sanctions. Alors que le prince saoudien qui a fait couper en morceaux un célèbre opposant au consulat d’Istanbul reste dans les meilleurs termes avec le président américain. Les Européens n’ont qu’à bien se tenir. Acheter en masse du matériel militaire US et suivre les consignes. Ainsi Washington fait tout pour que le pipe-line North Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne ne soit pas terminé. Du côté de l’Ukraine, les mécanisme diplomatiques (Minsk 2) qui apaisaient les tensions sont débranchés. La guerre peut reprendre dans ces parages, mais pas froide du tout.
Même les Suisses sont invités à se joindre au branle-bas: on les prie discrètement de faire le bon choix, un bel avion américain qui sera, comme c’est l’usage, connecté aux systèmes du Pentagone. Déjà associés au club à travers le «Partenariat pour la paix», ils se sentiront ainsi mieux protégés face une éventuelle conquête russe des Alpes.
A peine élu, Biden ordonnait un petit bombardement
Biden n’entend pas se laisser coller trop longtemps l’étiquette de gentil pépé héritée de la campagne électorale. A peine installé sur le trône, il ordonnait un petit bombardement sur un poste-frontière entre la Syrie et l’Irak. Une broutille d’à peine 17 morts. Avec cette explication mémorable: c’était un geste pour «la désescalade des tensions» (sic).
Avec les Chinois, c’est plutôt la grimpette des tensions qui prévaut. Une rencontre glaciale a été fixée avec eux en Alaska. Avec un message clair: on n’en est plus aux palabres dans le style Davos, vous êtes nos ennemis principaux et on va s’armer en conséquence.
Ces coups de froid internationaux programmés par les équipes du président devront être dûment expliqués auprès des peuples du monde qui pourraient y voir quelque affirmation de puissance planétaire. Alors qu’il s’agit bien sûr de sauver ou imposer partout la démocratie. Si certains tardent à percevoir la grande bonté du plan, qu’ils ne s’étonnent pas de se faire cogner ici ou là, ou affamer comme en Syrie ou au Yemen.
Il y en a pourtant qui gardent leur sang-froid. Pas les Européens dont les velléités d’autonomie sont bousculées et qui tendent à s’aligner sur les priorités otanesques. Mais du côté asiatique les effets de manche ont moins de succès. Les Indiens osent même diversifier leurs alliances. Quant aux Chinois, les brusqueries les troublent peu. Ils savent qu’à l’échelle de l’histoire, ils ont déjà commencé à triompher. Ils nous félicitent d’ores et déjà, gentils petits Européens, de la rapidité avec laquelle nous apprenons d’eux les vertus du traçage individuel. A propos du Covid, il est vrai, mais il y a tant de maladies que la société de surveillance peut garder sous contrôle. A commencer par cette fièvre dite libertaire qui, allez savoir pourquoi, agite encore quelques-uns d’entre nous.
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