Publié le 27 septembre 2024
Les aléas actuels de la politique française et américaine portent un mauvais coup à la promotion de la démocratie dans le monde, dont l'Occident prétend être le champion. D’autant plus qu’à force d'avoir aligné démocratie et intérêts propres, les pays occidentaux ont fini par perdre leur légitimité à donner des leçons au reste du monde.

Le spectacle affligeant que donne à voir la vie politique des deux piliers de ce qu’il est convenu d’appeler «la communauté internationale», à savoir les Etats-Unis et la France, ternit non seulement leur image, mais également leur légitimité à donner des leçons de démocratie au reste du monde, et tout particulièrement aux pays dits du Sud. Cela amène sans conteste de l’eau au moulin des autocrates et autres présidents à vie qui s’attaquent sans répit à «l’arrogance occidentale» et à sa volonté d’imposer un système démocratique et des valeurs qui ne seraient, selon eux, qu’un moyen déguisé de servir leurs propres intérêts.
A force d’entendre Washington, Paris, Londres ou Berlin menacer, condamner, déplorer les aléas de leurs vies politiques – sans que jamais l’inverse ne soit envisageable – s’est répandu dans les pays du Sud un sentiment de rejet de l’Occident et de ses grands principes démocratiques, à géométrie variable. On ne dira jamais assez à quel point l’invasion de l’Irak, l’assassinat de Kadhafi, entre autres, ont laissé de traces dans l’inconscient collectif. Au nom de la démocratie, les pays occidentaux ont mis à mort les dirigeants de l’Irak et de la Libye, condamnant ces deux pays à un chaos dont ils ne sont toujours pas remis. Pourtant, durant des décennies, des dictateurs ont mené la vie dure à leurs compatriotes, sans que ni les USA, ni les pays européens ne songent à les déloger. «C’est un salaud, mais c’est notre salaud»: la formule qui eut son heure de gloire durant la Guerre froide conserve toute son actualité. Durant cette période en effet, les pays occidentaux soutinrent sans vergogne des autocrates sanguinaires, dont le seul mérite était de leur rester fidèles, sans céder aux sirènes de Moscou.
Deux poids, deux mesures
Depuis l’agression de l’Ukra...

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