Qu’est-ce que l’économie? Une vision anthropologique

Publié le 19 janvier 2024
Les travaux de l’économiste français Timothée Parrique offrent un regard neuf sur l'économie, la considérant non pas comme une entité abstraite et financière, mais comme un processus social de contentement. De plus en plus d’économistes remettent aujourd’hui en question le système économique actuel, et soulignent l'importance de la satisfaction des besoins humains dans un cadre durable et collaboratif.

L’économie est souvent considérée comme une sphère abstraite, essentiellement financière, face à laquelle le citoyen est démuni. Cette image est incarnée par les marchés financiers sur lesquels s’échangent des produits dérivés en tout genre n’ayant que peu de lien avec la vie quotidienne, si ce n’est sous la forme de pression subie (inflation ou crises). Récemment, je me suis entretenu sur ma chaîne Antithese avec l’économiste français Timothée Parrique, spécialiste du concept de «décroissance». Sa réflexion, rafraîchissante à bien des égards, a l’avantage de remettre l’église au milieu du village lorsqu’il est question d’économie.
Qu’est-ce que l’économie, selon lui? Il s’agit de l’organisation sociale du contentement. Pour cette raison, il la considère comme une science sociale, voire même comme une sous-catégorie de la sociologie. En économie, le contentement recoupe le processus de satisfaction d’un ou de plusieurs besoins, via la mobilisation de ressources naturelles et sociales, la production et la distribution. L’économie est donc un processus intrinsèquement collaboratif, «une forme d’entraide»: «c’est faire ensemble ce que nous n’aurions pu accomplir seuls». Cette pensée va à l’encontre de la doxa néo-libérale, qui postule que la satisfaction des besoins est optimisée si les individus suivent leurs propres intérêts et sont en compétition sur le marché.
L’économie ainsi définie par Parrique comprend cinq grandes étapes pour satisfaire les besoins: extraction de ressources, production des biens et services, allocation de ces derniers, consommation et élimination des déchets. Mais comment circonscrire les besoins essentiels à une vie digne d’être vécue? N’est-ce pas une définition subjective, que chacun vit différemment selon son histoire et sa position sociale ? ...

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