Mort ou vif: une vaste épopée du végétal

Publié le 9 juin 2023
Citant Thucydide, «il faut choisir: se reposer ou être libre», Alain Amariglio, dans «Des plantes et des hommes», qui vient de paraître aux éditions du Canoë, prend comme objet d’étude, par des voies mythologiques, économiques, historiques ou littéraires, une plante connue ou rare, contemporaine ou disparue, et tente d’éclairer le long chemin parcouru par l’humanité avant et après l’impasse productiviste dans laquelle elle continue à s’enfoncer.

De cèdre en saule, d’arachide en petit épeautre, d’olivier en canne à sucre, de topinambour en serpolet, on explore la naissance et le développement de la vie, la découverte du gaz organique, de la chlorophylle, l’usage des noms savants, le règne, la division, la classe, l’ordre, le genre, l’espèce.
La circulation des hommes et des marchandises
On assiste à des tirs d’artifices conceptuels qui partent dans tous les sens, changent sans cesse d’échelle et de continent. La botanique a été fondée trois siècles avant notre ère par Théophraste,  le chêne vert ne perd jamais ses feuilles, à Paris, le Jardin des Plantes possède un exemplaire de gingko biloba, espèce d’arbre la plus vieille du monde, arrivé là en 1811, et une demie douzaine d’autres de ces mêmes arbres font partie des 161 végétaux, tel le laurier rose et l’eucalyptus, qui survécurent à l’explosion de la bombe atomique à Hiroshima.
Se référant au philosophe Pascal, l’auteur semble continuer à considérer que la science est  progrès continuel. Pourtant son livre, avant d’en être un sur les plantes, est un livre sur la circulation des hommes et des marchandises, sur l’extermination des indigènes ici et là, sur le productivisme dément qui nous gouverne depuis les débuts de la Révolution industrielle, l’arrivée des céréales transformant les villages en cités, les paysans devenant des exploitants agricoles, les plantes étant choisies en fonction de leur rendement. D’où le maïs, au génome modifié. «Utilitarisme sans utilité, productivisme, consumérisme, misère et pollution.» Il médit de la 5G, regrette la destruction de l’école publique. C’est toujours s’adapter, avancer plus vite. Mais vers quoi? Les herbicides éliminent tout, les industriels les nomment phytosanitaires, fongicides, insecticides, néonicotinoïdes. Le gr...

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