Publié le 28 décembre 2020
La pandémie nous a rendus égocentriques. Obsédés par cette actualité inouïe, nous ne nous sommes guère intéressés à une série d’événements qui pourtant changent les rapports de force, la nature des menaces, des dangers du futur. Tentons en quelques articles de les rappeler.

La première tragédie nous renvoie à l’indifférence coupable des Européens: l’Arménie

© GNU
La guerre entre ce grand peuple ancré dans l’histoire du christianisme et l’Azerbaïdjan lié à la Turquie se prolonge depuis des décennies, larvée ou violente. Faut-il rappeler qu’en 1915-1916, les trois quarts des Arméniens furent massacrés sur le territoire turc?  Le génocide fut tardivement reconnu par la communauté internationale démocratique mais dans les temps qui suivirent l’Europe resta incapable de protéger ce peuple martyr.
Le conflit latent s’est cristallisé sur le Haut-Karabakh, un embryon de république majoritairement peuplé d’Arméniens, attribué par Staline à l’Azerbaïdjan. Son indépendance auto-proclamée à la chute de l’URSS n’a pas été reconnue. Les maîtres de Bakou n’ont eu de cesse d’en reprendre le contrôle. Avec, entre autres drames (blocus, catastrophes humanitaires…), une guerre qui a fait 30 000 morts dans les années 90. Depuis, ce pays minuscule appelé aussi Artsakh (150 000 habitants) vivait sous la relative protection de l’Arménie, sa mère, sa sœur. Or, en septembre 2020, le dictateur d’Azerbaïdjan, soutenu militairement par la Turquie, a passé à l’offensive. Il écrasa toute résistance en quatre semaines. C’est la Russie qui réussit à imposer un cessez-le-feu. Mais la plus grande partie de ce territoire disputé était tombé entre les mains des troupes azéris, des milliers de personnes chassées de chez elles. Bilan approximatif: six mille morts. Bilan politique: en Arménie même, le pouvoir démocratique et pro-européen est aujourd’hui insulté par une foule de citoyens qui lui reprochent la défaite.
Qu’apprendre de cette tragédie?
D’abord, l’effacement de l’Europe. Elle avait tenté, avec le processus dit de Minsk, d’apaiser la région en partenariat avec la Ru...

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