Publié le 10 février 2023
Il s’agit du premier ouvrage paru en français sur Alexandre Trocchi (1925-1984), directeur de revue, auteur de nombreux romans érotiques, compagnon de jeu lettriste et situationniste de Guy Debord, capitaine de péniche à New York, romancier et essayiste, louangé par la majorité des artistes anglais et américains des années soixante et soixante-dix dont l’histoire actuelle a conservé le nom tels que Patti Smith, Samuel Beckett, Jack Kerouac, Jim Morrison, William Burroughs, Allen Ginsberg, Leonard Cohen, John Lennon, Eric Clapton, et ici sévèrement jugé, fustigé et constamment blâmé par Christophe Bourseiller.

Christophe Bourseiller, auteur d’une biographie de Guy Debord qui a fait date, a eu beau admirer les situationnistes pendant des décennies, il ne s’est au grand jamais comporté comme eux, nous apprend-il dans ce libelle, en libertin et, aujourd’hui, il ne croit plus en leurs jugements péremptoires et leurs condamnations morales, ni en une libération autre qu’individuelle et, contrairement à eux en leur temps, il ne croit plus que la vie est une œuvre d’art.
Démystification
Oui, il aurait voulu être Alexander Trocchi, être aussi beau, aussi singulier, aussi talentueux que lui, être un séducteur, un libertin et être, lui aussi, adulé par tous ceux qui comptent dans la culture. En cet aventurier, il voyait son envers solaire, un modèle, un exemple à suivre mais, à présent, ayant enfin découvert qui il était vraiment, ce n’est plus du tout le cas.
Si Guy Debord et André Breton se ressemblent, il y a néanmoins une différence notable entre leurs deux mouvements: la plupart des surréalistes ont fait œuvre. Il fallait avoir beaucoup de talent pour appartenir au mouvement de Breton. C’est loin d’être le cas des situationnistes, juge notre historien. A part Raoul Vaneigem, Asger Jorn, René Viénet et Constant, on se trouve en présence d’une bande «d’huberlus, drôles, gouailleurs et toujours un peu voyous» mais ce n’est qu’une bande de copains, incluant les copains de copains.
Le chapitre XIII de ce petit livre qui en comporte quinze s’intitule Le plus grand canular du vingtième siècle? «C’était ça, l’horizon situationniste? Se brûler les ailes, s’autodétruire, refuser de faire œuvre?» Debord aurait-il monté un canular? Des indices laissent rêveur.
Le chapitre XIV aborde le rapport de Debord à l’argent et sa pratique sordide de la sexualité.«Cet égoïste revendiqué méprise et piétin...

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