La Suisse que j’aime

L’hôtel Waldhaus à Sils-Maria (GR). © Paebi – CC BY-SA 4.0
Mes compatriotes, depuis environ 30 ans, ont adopté l’esprit cocardier. Les drapeaux suisses, inexistants dans mon enfance sinon sur les plaques minéralogiques, sont désormais partout. On les dessine même en sucre glace sur les caracs. Le fameux vote de 1992 sur l’UE a en effet marqué la naissance de ce type de patriotisme braillard et agité, jusqu’alors étranger à nos contrées, que l’on appelle le nationalisme. Ces émotions vociférantes m’ont toujours semblé obscènes dans mon pays qui, privilège parmi les privilèges, s’était toujours refusé à être une nation. C’est-à-dire un pays qui n’a pas réalisé son unité dans le sang. Quand tous nos voisins se sont constitués malgré de formidables contraintes externes ou internes, la Suisse moderne s’est construite grâce à ses voisins, sans verser de sang ou presque. Napoléon s’est fendu pour nous d’une première constitution. Son Acte de Médiation de 1803 garantissait au jeune Etat, que «la nature a fait fédératif», une place à part, protégée et garantie, entre les plus querelleuses des nations du continent. Dans cette situation à la fois dangereuse et privilégiée, sise sur un tas de rochers arides et infranchissables et collectant les revenus du péage le plus profitable d’Europe, la Suisse a longtemps grandi dans l’ombre bienfaisante de ses voisins. Elle a su profiter de leur passage, de leur industrie et de leurs exilés intellectuels ou monétaires. Restant toujours à l’écart des boucheries qui dressaient les princes les uns contre les autres, gardant en mémoire le souvenir cuisant d’avoir déclenché les guerres...
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