L’invention du fait d’actualité en peinture

Publié le 11 août 2023
Le 13 juillet 1793, Jean-Paul Marat est assassiné dans son bain par Charlotte Corday. La scène est immortalisée par le tableau de Jacques-Louis David, peintre célèbre qui partage son temps entre son atelier du Louvre et la Convention où il siège en tant que député montagnard. Son amitié avec Robespierre va briser sa famille et l'entraîner dans une aventure politique qui risquera de lui coûter la vie...

La création de ce tableau, devenu une icône de la Révolution, est indissociable de ce drame et Alain Le Ninèze en conte l’histoire dans un livre paraissant ce mois-ci aux Ateliers Henry Dougier.
Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday, une républicaine modérée, est venue voir Marat en lui présentant une lettre disant: j’ai besoin de votre protection. On lui ouvre la porte, elle plante un poignard dans le cœur du Montagnard. Dans Paris, l’émotion est considérable. 
Le plus étonnant, c’est que la veille de l’assassinat, le 12 juillet au soir, David était venu rendre visite à Marat pour prendre des nouvelles de sa santé. Son médecin, contre sa maladie de peau, son eczéma, n’avait trouvé pour seul remède que des bains d’eau soufrée et comme il souffrait tout le temps, Marat vivait dans sa baignoire et y travaillait en permanence pour son journal L’ami du peuple.
Le tableau
La Convention demande à David d’organiser les funérailles et de peindre un tableau glorifiant le martyr. Celui-ci sera réalisé en trois mois et aussitôt exposé dans la salle où siégeait la Convention.
Grande diagonale de lumière, le tableau est une huile sur toile de 165 sur 128 centimètres. Se détachant d’un fond brun-vert, Marat est représenté agonisant, la tête enveloppée d’un turban blanc. D’une main pendante, il tient une plume, de l’autre, sur une planche recouverte d’un tissu vert, une feuille manuscrite: «Du 13 juillet 1793. Marie Anne Charlotte Corday au citoyen Marat. Il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance». Son corps est appuyé contre la baignoire que recouvre un drap blanc souillé de sang, à ses pieds se trouve un couteau à manche blanc. A droite est placé un billot de bois sur lequel sont posés un encrier, une deuxième plume, un assignat et une autre feuill...

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