Allemagne: l’histoire d’une manipulation

Quand le « worst case scenario » est imposé à l’opinion publique. – © DR
Le Secrétaire d’Etat Markus Kerber était favorable à des restrictions draconiennes et prolongées, à la différence de son ministre Horst Seehofer. Il fit un courrier discret à divers organismes scientifiques dans l’espoir d’obtenir des données propres à alarmer le public. Ce fut fait. Un dossier secret fut établi et aussitôt refilé en douce vers les médias pour préparer le terrain. Il en résultait que sans des mesures strictes, il y aurait dans les mois suivants un million de morts en Allemagne. Le journal berlinois a obtenu tout l’historique de ce «Worst Case-Scenario»: 200 pages de mails. Il apparaît que les scientifiques consultés ont trituré les courbes pour obtenir les prévisions les plus catastrophistes. D’autres arrivaient à des conclusions moins pessimistes mais seules les pires furent retenues. Le document évoque «l’effet-choc souhaité», le besoin non seulement de chiffres mais d’images fortes. Par exemple, citation: «De nombreux malades proches seront transportés à l’hôpital par leurs proches mais refoulés et ils mourront dans les souffrances à la maison en quête d’air.» Un chercheur écrivait: «Il faut argumenter à partir du but fixé, c’est à dire exercer la plus grande pression.»
La révélation a fait grand bruit jusqu’au Parlement. Deux partis, le FDP et Die Linke, ont demandé une enquête pour vérifier le déroulement des faits: ils insistent sur la nécessité de décisions prises en toute indépendance par le gouvernement et non pas sous la pression de scientifiques d’ailleurs souvent en désaccord entre eux. Heureusement.
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