Crypto AG, ce cadavre exquis

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Les millenials ne peuvent pas s’en souvenir bien que l’affaire ait défrayé la chronique à la fin des années 1970, en pleine guerre froide. Un colonel à la retraite, Jean-Louis Jeanmaire est alors arrêté, déféré devant la justice militaire et condamné à 18 ans de prison pour avoir livré des secrets aux Soviétiques. Les preuves sont minces mais qu’importe, on prend les grands moyens, sur pression des Etats-Unis. On crée une commission d’enquête parlementaire et la condamnation est générale. Un élu bâlois réclame même la peine de mort. Jeanmaire a toujours plaidé non coupable et proclamé s’être contenté de transmettre des informations sans importance militaire.
Nous voilà aujourd’hui confrontés à une affaire qui dépasse par son ampleur tout ce que Jeanmaire avait pu faire à l’époque. Pendant des décennies, une entreprise suisse a trafiqué du matériel de cryptage, espionné sans relâche pour le compte de services secrets étrangers, et s’est même vendue corps et biens à la CIA, et l’on nous dit: Circulez, il n’y a rien à voir! Tout est sous contrôle, assure la majorité de la commission parlementaire qui a rendu son rapport la semaine dernière, en précisant qu’elle gardait le rapport secret pour des raisons de sécurité. Ceux qui ont laissé faire peuvent dormir tranquilles.
C’est se moquer du monde. La gauche et les Verts se sont à juste titre insurgés contre cette tentative d’enterrer l’affaire. En d’autres temps, on aurait trainé le colonel Regli, ancien chef du renseignement extérieur, et l’actuel secrétaire général du DFAE...
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