Coronavirus et crise économique: de l’aide, maintenant, et en espèces

Publié le 19 mars 2020
Certains pays luttent déjà contre la crise avec des soutiens financiers directs. Le débat sur le revenu de base est relancé en Suisse.

Niklaus Ramseyer et Monique Ryser, Infosperber, 18 mars 2020


Un revenu de base temporaire pour les six prochains mois – cela nécessite une pétition au Conseil fédéral. Près de 30 000 personnes ont signé en trois jours. L’initiateur Erwin Fässler est débordé: il a lancé la pétition dimanche dernier à minuit sur le site change.org. Fässler demande brièvement et succinctement: «Le coronavirus (Covid-19) nous oblige à prendre des mesures extraordinaires, qui nécessitent également des solutions extraordinaires. Avec le revenu de base inconditionnel en Suisse pour les six prochains mois, nos concitoyens recevront également une aide qui ne sera pas financée par une allocation de chômage partiel ou d’autres aides.»

Aider les Suisses comme on a aidé UBS

Fässler est lui-même un petit entrepreneur. Il dirige une agence de voyages à Zurich qui fait découvrir la Suisse à des invités étrangers en petits groupes, via des excursions en voiture. Depuis le début de l’année, les réservations de voyages sont quasiment inexistantes, rapporte-t-il. «Je ne fais pas de politique. Mais dimanche, j’ai signé une pétition en ligne exigeant un revenu de base dans la situation difficile actuelle.» Sauf qu’après avoir signé, il s’est aperçu que la pétition concernait l’Allemagne.

«J’ai travaillé pour Swissair», dit Fässler. En fait, c’est UBS qui a forcé Swissair à s’immobiliser – et c’est précisément cette banque qui a ensuite été sauvée avec 60 milliards du gouvernement fédéral», note-t-il. Et il exige: «Maintenant, il faut aussi aider les petits! Avec les 60 milliards de francs avec lesquels le Conseil fédéral a sauvé la grande banque UBS en 2008, cinq millions de personnes pourraient désormais être payées 2 000 francs pendant six mois. La pétition suscite également l’intérêt des milieux politiques: «Ils se sont déjà manifestés, révèle-t-il, et nous en discutons maintenant.»

La réponse rapide d’autres pays

De l’argent liquide versé directement par l’État: ce qui aurait été impensable il y a quelques semaines à peine a déjà été décidé par certains pays. L’objectif est d’atténuer l’étranglement économique pour les micro-entreprises et les ménages de manière rapide et non bureaucratique.

Grande-Bretagne: 10 000 et 25 000 livres en espèces

«Tout ce qu’il faudra», c’est la promesse du ministre britannique des Finances (le Chancelier de l’Echiquier) Rishi Sunak. Le gouvernement fournit 330 milliards de livres (380 milliards de francs), soit 15% de la production économique annuelle de l’île. Les travailleurs indépendants et les micro-entreprises recevront immédiatement une aide non remboursable de 10 000 livres. Les petites entreprises des secteurs du commerce de détail, du tourisme et des loisirs recevront un chèque de 25 000 livres sterling pour les aider à se maintenir à flot. En outre, les entreprises des secteurs particulièrement touchés ne paieront plus d’impôts sur les sociétés pendant un an à compter d’aujourd’hui. Des fonds pour les chômeurs, des prêts à taux bas et d’autres mesures d’aide seront également mis en place.

Etats-Unis: des chèques de plus de 1000 dollars

Le gouvernement américain fournit également des aides directes: dans les deux prochaines semaines, les personnes les plus touchées devraient recevoir au moins 1000 dollars. «Les gens ont besoin d’aide maintenant, tout de suite», a déclaré le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin. En outre, les impôts dus doivent être suspendus avec effet immédiat.

France: 1500 euros par mois

La France apporte également une aide en espèces: 1500 euros seront versés à ceux qui sont dans le besoin en raison de la stagnation économique – sur simple demande. Dorénavant, deux milliards d’euros par mois seront mis à disposition à cette fin. Le gouvernement français débloquera 300 milliards supplémentaires pour des prêts sans intérêt, des crédits de soutien et des reports d’impôts et de crédits.


L’article original est à lire ici.


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