Un cocktail nommé PYM

Publié le 1 décembre 2017

Pierre-Yves Maillard et Thierry Meyer sous l’œil de Pascal Vandenberghe. – © DR

Son intervieweur se fait désirer, retardé par la météo neigeuse de la matinée. Mais Pierre-Yves Maillard, un verre à la main dans les bureaux lausannois de son éditeur Pierre-Marcel Favre qui offre l’apéro, n’a besoin de personne pour prendre la parole et expliquer devant une quinzaine de journalistes ou personnalités du monde du livre, pourquoi il a accepté la proposition de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24heures jusqu’il y a peu, d’une «Conversation». «Le moment tombait bien. Et le sujet de la conversation, soit la manière dont les idées et la pratique, l’épreuve du pouvoir, fonctionnent ensemble, est un sujet qui me passionne.» Pour que le livre, intitulé «Le pari du possible», voie le jour, le red chef et le conseiller d’Etat se sont vus une dizaine d’heures cet été. Puis transcription de quelques 300’000 signes, relecture sur papier – «Thierry Meyer ne voulait pas prendre le risque que je réécrive et reformule tout s’il m’envoyait le fichier numérique!» -, coupe et mise en forme – seulement un tiers de chutes, ou propos non gardés, fort peu pour ce type d’exercice.

«Le pari du possible» est agréable à lire, et instructif: Thierry Meyer connait ses dossiers, pose des questions argumentées, pertinentes à défaut d’être impertinentes. Par contre, chers concitoyens, chères concitoyennes curieux de la vie de nos amis les people politiques, c’est un livre de réflexion, d’idées et d’analyse. Les deux hommes reviennent sur les treize années passées par le politicien au gouvernement vaudois, tentent de comprendre sa popularité, premier socialiste à sortir en tête de l’élection au gouvernement vaudois en 2013, exploit réitéré cinq ans plus tard au printemps 2017, plongent dans les coulisses du fameux «compromis dynamique» développé avec le ministre des finances Pascal Broulis, commentent la fameuse course au Conseil fédéral de l’automne 2011. En matière de vie privée, on saura juste qu’il a une «fibre paternelle assez forte» et que paradoxalement, «la vie de conseiller d’Etat» est «davantage» conciliable avec la vie de famille (ses deux enfants sont nés en 2007 et 2009) que sa vie d’«avant», lorsqu’il cumulait des fonctions de direction du parti socialiste lausannois, cantonal et suisse, de conseiller national et de syndicaliste.

Pierre-Marcel Favre offre la tournée, pose pour le photographe avec son red chef et son conseiller d’Etat, en profite pour dire du bien de son livre et du moins bien du livre publié chez un confrère et signé d’un récent ex-conseiller fédéral n’ayant, lui, jamais suscité la passion qu’un PYM allume encore et toujours dans le cœur des foules romandes. Et se souvient que le dernier livre d’entretiens à avoir cartonné chez lui était signé… Jacques Neyrinck et Tariq Ramadan.

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