Publié le 14 juin 2024
Nous parlions l’autre jour du blocage des informations sur l’achat massif des vaccins par l’OFSP. Or celui-ci, avec l’assentiment du Conseil fédéral, est reparti à l’assaut de la transparence, en introduisant, malgré les protestations, un article (52 c) à la loi sur l’assurance-maladie: il permet de déroger à la publication des prix de certains médicaments.

Lire aussi: Transparence, mon œil!


Visés, ceux, à plusieurs milliers de francs, contre le cancer. C’est la grande tendance aujourd’hui, car infiniment plus rentable que les banales pilules. Cette opacité permet aux pharmas de pratiquer des tarifs plus élevés en Suisse que dans d’autres pays. En septembre, le Conseil national a dégagé une majorité contre cet état de fait. Un vague contre-projet, prévoyant un arbitrage de cas en cas, est en discussion. Le Conseil des Etats doit se prononcer. La partie sera rude car dans cette chambre, plusieurs députés sont liés au lobby pharmaceutique. Il est d’ailleurs piquant de constater que les adversaires les plus résolus de la transparence sont les élus qui se disent profondément libéraux. Alors que la liberté du commerce suppose d’y voir clair dans les prix, au nom de la concurrence.

L’enjeu n’est pas seulement économique. Il s’agit aussi de ce que l’on pourrait appeler l’hygiène civique. Le secret couvre d’innombrables réseaux d’influence, de manigances, de faveurs discrètes, d’avantages obscurs. La corruption rampante peut se cacher derrière des apparences très convenables.

Limiter la transparence et les moyens de la garantir, c’est nourrir la défiance face à l’Etat, ce poison lent qui menace la démocratie.

 

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