La mise à mort sacrificielle de Damien Hirst

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Visualisez Bacon, Freud et Hockney, pour ne nommer que quelques-uns parmi les grands artistes de l’Angleterre d’après-guerre. Pensez maintenant à la scène des années 2000, et une figure émerge immédiatement au-dessus de toutes les autres, celle de Damien Hirst.
Dans un article cinglant de mars 2024, le Guardian accuse Hirst, dont la fortune est estimée à 400 millions de dollars, d’avoir falsifié les dates de nombreuses œuvres. Ce trucage apparemment inoffensif a déclenché une tempête de critiques qui, au cours des deux derniers mois, a pris des proportions stupéfiantes. C’est comme si tout le phénomène Hirst s’effondrait soudainement, disséqué comme jamais auparavant et réévalué sous un jour des plus défavorables. Hirst n’est pas seulement l’artiste le plus riche du moment, il est aussi le miroir fidèle des dérives du marché de l’art, et peut-être aussi de notre société en général.
L’histoire de la falsification elle-même semble banale, mais elle est plus révélatrice qu’il n’y paraît. Le crime décrit par le Guardian consiste à dater des œuvres de 2016, alors qu’elles ont été réalisées en 2019. Et d’autres rapports affluent, montrant que ce n’était pas un cas isolé, et que Damien Hirst et sa société Hirst Science sont familiers de cette falsification évidente, affirmant que ce qui compte, ce n’est pas la création de l’œuvre, mais sa conception dans l’esprit de l’artiste. Essayez d’appliquer ce raisonnement à la technologie: «Votre Honneur, j’ai en fait inventé l’iPhone dans mon esprit en 1993». La gestion de crise de l’avocat de Hirst Science...
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