Pourquoi j’ai fermé ma galerie d’art
Au vernissage du salon AIPAD à New York en 2019. – © DR
Il était temps pour moi de leur emboîter le pas. De nombreuses raisons justifiaient cette décision, à laquelle je songeais dès le début. Dès le premier jour même.
Le soir du premier vernissage de ma première galerie, je suis rentré chez moi dans un état de dépression totale. C’était en mai 2017. L’espace était un ancien entrepôt de plus de 100 mètres carrés de sol en béton, au bord du Danube, avec de hauts murs blancs et cette touche post-industrielle qui met les amateurs d’art en transe. Ce premier vernissage avait pourtant été un succès retentissant, peut-être même le plus réussi que la ville ait jamais connu. Plus de 600 personnes avaient fait le déplacement, ministres, princes, hommes d’affaires, collectionneurs, les plus belles femmes de la ville, ce qui à Belgrade n’est pas un euphémisme. Toute la soirée, j’avais été interviewés par tous les médias. En une seule soirée, j’avais réussi l’impossible: mettre mon nom sur la carte. Pourtant, vers 23 heures, lorsque je suis rentré chez moi, une anxieuse frustration m’avait envahi. Sur les 600 personnes présentes, dont certaines trônaient au sommet de fortunes considérables, aucune n’avait même demandé le prix des œuvres exposées. Mon instinct me murmurait que j’avais ouvert ma galerie au pire moment possible. J’avais lancé un nouveau Blackberry juste au moment de la sortie de l’iPhone. Ce modèle économique, qui existait sous cette forme depuis quelques décennies, montrait déjà des signes alarmants de déliquescence. Et ce soir-là j’ai compris, comme je le craignais déjà,...
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