«Que les lecteurs se laissent porter par l’esprit d’aventure de Matteo Ricci». Rencontre avec le bédéiste Martin Jamar

Publié le 16 décembre 2022
C’était le jour des premières neiges sur la Suisse. Martin Jamar a bien failli ne pas arriver à bon port depuis la Belgique. Encore presque essoufflé, il fut bien à l’heure à Fribourg pour notre rencontre. J’ai eu la chance de m’entretenir avec le bédéiste de renom sur son dernier album «Matteo Ricci dans la Cité interdite», sorti en septembre dernier. C’est le troisième album à caractère religieux, après une œuvre aussi riche que diverse dans ses thèmes. Nous remercions la librairie St-Augustin de Fribourg qui a invité l’artiste et permis l’interview.

Bon Pour La Tête: Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans les BD à caractère religieux?
Martin Jamar: Vous faites bien de dire «à caractère religieux» car il ne s’agit pas BD religieuses, mais simplement de trois albums qui parlent de personnages religieux, de figures chrétiennes plus précisément. Avec mon ami, le scénariste Jean Dufaux, nous ne voulions pas réaliser des BD hagiographiques, mais bien parler de ces trois personnages à travers notre art.
Mais pourquoi parler de ces trois grands noms de l’Eglise, à savoir saint Vincent de Paul, saint Charles de Foucauld et Matteo Ricci?
A un certain moment de sa vie, Dufaux en a ressenti le besoin. Celui-ci a écrit près de trois cent scénarios sans jamais aborder de sujets religieux. Un jour, nous marchions ensemble pour nous rendre au restaurant où nous avons l’habitude de travailler, et il me demande «Est-ce que tu es croyant?» Très surpris de la question, je lui ai expliqué que j’avais grandi dans une famille catholique pratiquante, mais qu’avec le temps je me suis éloigné de la pratique, sans pour autant renier les valeurs chrétiennes. Je suis croyant à ma façon. A ma réponse, Dufaux et moi avons compris que nous voulions écrire et dessiner sur des personnages inspirants de l’Eglise. Ce fut un appel pour Dufaux, et moi je l’ai suivi dans cet appel.
Et pourquoi ces trois personnages?
Pour les saints Vincent et Charles, Dufaux les affectionnait particulièrement alors nous nous sommes lancés. Quant à Matteo Ricci, ni moi ni lui ne le connaissions. Parler de ce jésuite qui vécut au XVIème siècle nous a été suggéré par des analystes et amateurs de BD proches des jésuites.
Vous, personnellement, quels liens avez-vous tissés avec l’histoire de ces trois personnages?
En travaillant sur saint Vincent de Paul, c’est sa vi...

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