Gestion du Covid: Cassis enfonce le clou

Publié le 21 janvier 2022
Il y a parfois des phrases prononcées à la télévision, ignorées en Romandie et dont même la Suisse alémanique ne parle pas. Cependant, dans certains cas, il s'agit de déclarations qui peuvent faire basculer des projets ou des actes, des opinions ou des décisions. Et c'est pourquoi on n'en parle pas. Le tollé serait trop grand.

Tous les vendredis soir sur la SRF1, l’émission Arena, l’équivalent d’Infrarouge sur la RTS, propose un débat politique sur un thème d’actualité. Le 7 janvier, lors de la première émission de la nouvelle année, le modérateur Sandro Brotz s’est vanté d’une table ronde de haut niveau. Effectivement, notre nouveau président de la Confédération. M. Cassis était invité et avec lui tous les présidents des partis politiques: Marco Chiesa (UDC), Cédric Vermuth, (co-président du PS), Thierry Burkart, (PLR), Gerhard Pfister, (Le Centre), Balthasar Glättli, (Les Verts) et Jürg Grossen, (Les Verts’Lib). Une merveilleuse équipe de débatteurs pour évoquer deux sujets préoccupants: l’UE et le Covid.

Pour faire court en ce qui concerne l’UE, ces messieurs ne se sont livrés ni à une gymnastique du cerveau ni à une mise en perspective sincère de la situation. Comme des coqs en pâte, ils ont défendu les éléments de langage superficiels de leurs partis et Cassis s’est vu acculé dans son coin, où il ne pouvait pas dire grand-chose. Le fait est que sur la question de l’UE, il n’y a ni plan B ni direction politique et que le peuple comme le monde économique doivent attendre patiemment. Les politiques sont dans une impasse: ils ont peur d’un nouveau «non» si une nouvelle votation sur l’UE a lieu. Cela réduirait énormément la marge de manœuvre des entreprises suisses et des grandes universités. Personne n’ose penser aux conséquences.

C’est dans la partie consacrée à la crise du Covid, que les propos susceptibles de provoquer un tollé, et que nous devrions analyser en profondeur, ont été prononcés.

Dans la rediffusion (disponible ici), à 37 minutes et 22 secondes, on peut entendre Brotz s’adresser à Cassis: «Des patients dans les hôpitaux, même s’ils ont été admis pour autre chose, sont appelés patients Covid car testés positifs. Vous n’avez pas vraiment de vue d’ensemble.» A quoi le président de la Confédération répond: «C’est normal. Quelqu’un qui meurt dans un accident de voiture et qui est testé positif est compté comme un décès Covid. Cela dépend de la définition. Des définitions ont été établies dans le monde entier, et elles doivent s’appliquer partout.» Précision apportée par la suite: c’est l’OMS qui a établi cette classification.

Choquante affirmation. Depuis deux ans, on nous bassine donc avec les chiffres des patients hospitalisés et des décès liés au Covid. «Ne pas surcharger les hôpitaux» était le crédo unanime de tous les partis politiques. On nous l’a répété, puis on nous a enfermés, on nous a enjoints à mettre le masque, à se faire vacciner. Et maintenant, nous apprenons par notre président de la Confédération, médecin de profession, que l’OMS compte arbitrairement tous les patients hospitalisés et décédés en étant positifs, même si la cause des admissions et des décès n’a rien à voir, comme des patients Covid et des morts du Covid. 

Faire gonfler les chiffres pour créer une ambiance de pandémie meurtrière (la plus meurtrière depuis des décennies), de peur paralysante qui empêche toute réflexion rationnelle, provoquer l’exclusion de tout débat, le rabâchement des consignes et des mêmes messages, dénigrer les avis opposés, diviser le peuple et mettre la pression aux citoyens pour qu’ils se fassent vacciner… Il faudrait reconnaître que l’OMS a fait preuve, si tout cela est réfléchi, d’une stratégie diabolique.

Si cette affirmation de M. Cassis est vraie et que les statistiques hospitalières sont truquées, c’est non seulement un scandale monstrueux, mais cela donnera raison à toutes celles et ceux qui méprisent le monde médical, car aucun médecin, aucune infirmière, aucun scientifique, aucun modélisateur, aucun journaliste médical ne devrait approuver une telle façon de faire. La confiance dans les autorités sanitaires serait dès lors terriblement ébranlée.

Ce qu’il faut désormais, c’est donc une enquête propre et exhaustive sur la manière dont les hôpitaux ont recensé les patients Covid.

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