Qui ose encore se lancer dans l’édition en Suisse romande?

Publié le 14 juillet 2023
Vous rêvez de travailler d’arrache-pied tout en restant définitivement à l’abri de la richesse? De remplir des piles de formulaires et collecter des montagnes de paperasses? De lire des centaines de manuscrits parfois indigestes dans l’espoir de dénicher LA pépite qui justifie votre sacerdoce? Tout cela pour rester dans l’ombre d’auteurs vindicatifs et souvent insatisfaits de vos services? Si vous cochez toutes les cases, vous allez peut-être fonder la prochaine maison d’édition romande.

Paradoxalement, on en trouve, des gens prêts à cette folle aventure. Quitte à perdre de l'argent, à endurer reproches et récriminations, à voir leur travail déborder sur les soirées et les week-ends et à concocter patiemment des dossiers plus épais que les œuvres complètes de Proust pour espérer, parfois en vain, un modeste soutien. Il faut une dizaine d'années pour commencer à récolter un brin de reconnaissance et quelques subsides. Pour être enfin pris au sérieux. Qui sont donc ces fous, ces inconscients, ces passionnés? Qu'est-ce qui peut bien les motiver? Rencontre.
«Nous croyons en la diversité des voix et en l'importance de faire émerger de nouveaux auteurs qui enrichissent le paysage littéraire», explique Ilir Xheladini, directeur de I-liredition fondée en juin 2021. «En les soutenant, nous souhaitons apporter une contribution significative à la littérature contemporaine. Mais surtout, j'avais l’idée de repousser les limites du livre traditionnel et de le faire évoluer vers une expérience de lecture immersive unique et enrichissante que nous avons appelée le Livre 2.0. Dans nos romans, nous avons introduit à certains endroits clés des QR codes qui permettent au lecteur d’écouter une mélodie qui a inspiré l'auteur, de visualiser une image en lien avec le texte ou encore de profiter de passages de lecture audio pour se reposer les yeux. Cette approche novatrice se veut interactive et multisensorielle, tout en respectant l'essence même du livre.»
Pour Antoine Viredaz et Alexandre Metzener de Presses inverses, tout est parti en 2019 de l’idée d’un cadeau de Noël destiné à leurs proches: «Avec un ami archéologue et photographe, nous avons produit sur nos propres imprimantes un livre d’artiste tiré à 50 exemplaires. Il s’agissait d’un choix de six poèmes grecs antiques...

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Jean-Louis Kuffer