Pluie de milliards contre le Covid, rien pour les hôpitaux

Publié le 17 septembre 2021

Malgré la crise sanitaire, l’hôpital est et restera en souffrance. – © Roland Fischer

Le site alémanique «Medinside» suit de près les problèmes et l’actualité des hôpitaux d’outre-Sarine. Son fondateur, Christian Fehrlin, publie un éditorial critique. Il constate que la crise sanitaire actuelle a déjà coûté 94 milliards aux pouvoirs publics. 722 millions pour les traitements, 2,7 milliards pour la prévention et 90,7 pour la compensation des dégâts économiques. Mais pas un centime pour augmenter le nombre des lits hospitaliers.

Il en a même été supprimé des centaines notamment pour les soins intensifs. Sans que cette politique n’ait jamais été expliquée au public. La réponse? Pour atteindre l’efficacité économique, les hôpitaux s’efforcent de remplir 80% de leur capacité. On a donc renoncé à garder des lits insuffisamment utilisés. Ce qui logiquement pose problème lorsque survient une épidémie. Ce fut déjà le cas lors de certaines vagues de grippes saisonnières. Pourquoi investir tant là et pas ici?

La question est d’autant plus sensible que le gouvernement ne cesse d’invoquer la «surcharge» des hôpitaux pour justifier les mesures de restrictions. Sans jamais évoquer, ajoutons au passage, le recours possible aux cliniques privées qui peuvent encore accueillir des patients.

Medinside cite le rapport établi par l’association des hôpitaux zurichois (VKZ): «La décision politique de limiter le nombre des lits crée le danger d’une sous-capacité et d’une baisse des soins pour la population.»

Et le manque de personnel? Christian Fehrlin constate que la Suisse se prépare coûteusement et entraîne des professionnels pour faire face à des risques fort peu probables: une attaque aérienne, un assaut de chars blindés… En l’occurence, elle pourrait former des civilistes, des troupes sanitaires de réserve qui pourraient soutenir les effectifs hospitaliers. Bien sûr, cela coûterait. Peut-être 1,5 milliards. Mais ce serait un investissement à long terme qui soulagerait le monde de la santé et rassurerait la population. Car d’autres crises semblables peuvent survenir à l’avenir. En fait, il est quasiment sûr qu’elles surviendront.


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