Mortalité en Suisse: une question de proportions

La mortalité à un niveau inédit depuis 100 ans? Une question de perspective, répond notre contributeur. – © DR
Lire l’article de la RTS.
Comparer les valeurs brutes de décès prises à des années fortement éloignées l’une de l’autre ne fait sens que si la variation démographique est négligeable.
Ainsi, comparer le nombre de décès liés à la grippe espagnole ou encore à l’épidémie de variole de 1871 avec ceux de notre époque peut mener à confusion, en particulier le lecteur peu habitué à lire et à interpréter des données de mortalité.
Une normalisation des données de mortalité reste nécessaire pour conserver le sens des proportions et faire des comparaisons réalistes.
Pour conclure, une position me semble intéressante à ce sujet, tirée d’une récente interview par Medinside de l’infectiologue suisse, le Prof. P. Vernazza, dont voici un extrait traduit en français.
Medinside: Des études montrent que la mortalité en Suisse est l’une des plus élevées. Qu’est-ce que vous en pensez?
P. Vernazza: Au début, on disait que la Suède avait un taux de mortalité élevé, maintenant c’est soudainement la Suisse. La question de la mortalité est très complexe. Les personnes très âgées meurent souvent en fin de vie d’infections virales en réalité banales, souvent en hiver. Nous ne diagnostiquons pratiquement jamais ces maladies infectieuses. Parfois, il s’agit du virus respiratoire syncytial, parfois de la grippe et d’autres coronavirus sont également connus pour être la cause de la mort. Cette année, de tels décès sont fréquents avec la Covid, car ce nouveau virus domine l’épidémiologie actuelle. Nous n’avons pratiquement plus de patients grippaux actuellement. La question décisive est maintenant de savoir comment évolue la mortalité globale. Souvent, le taux de mortalité total des personnes de plus de 65 ans est évalué d’année en année. Mais ce groupe d’âge a augmenté de 10% au cours des cinq dernières années. La mortalité est désormais définie comme le nombre de décès pour 100’000 personnes par an. Maintenant, si vous étudiez les taux de mortalité des personnes de plus de 65 ans au cours des 10 dernières années, vous constaterez que la mortalité en 2013 et 2015 était plus élevée que la mortalité en 2020.
Medinside: Donc de votre point de vue il n’y a pas de surmortalité extraordinaire?
P. Vernazza: Ce n’est pas mon point de vue: c’est ce que les chiffres nous disent.
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