Macron et Credit Suisse: les ravages de l’arrogalcoolisme

Publié le 31 mars 2023
«Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés.» Frappés par quoi? La peste comme les animaux malades qu’illustre Jean de La Fontaine? En l’occurrence, il s’agit d’un périlleux état de dépendance, l’arrogalcoolisme. L’actualité a mis en lumière deux de ses victimes: la présidence française et la banque suisse.

L’arrogalcoolisme intervient lorsque l’arrogance1 constitue un mode de fonctionnement et que la morgue – qui en est l’une des principales expression – devient un trait de caractère dominant.
Traiter le président français Emmanuel Macron d’«arrogant» relève du cliché éculé. C’est le qualificatif qui lui est le plus couramment accolé. Mais les clichés éculés, ça se mérite.
Serment d'ivrogne et l'émoi du Moi
A un rythme régulier, Macron promet d’arrêter l’arrogance, que cette fois-ci, il a compris, et enfilera la robe de bure des franciscains pour faire montre d’humilité.
Serment d’ivrogne! Le Président retombe aussitôt dans la morgue. C’est plus fort que lui. A ce niveau-là de dépendance à l’émoi du Moi, on peut parler d’arrogalcoolisme. Sa plus récente intervention télévisée, mercredi 22 mars dernier, a relevé de la crise aiguë.
Sa réforme des retraite continue à être rejetée massivement par les Français, à semer des manifs dans la plupart des villes grandes, moyennes ou petites, à faire monter la violence sociale, à multiplier les grèves, à bloquer tout un pays avec, pour l’instant, le soutien des Français, rien n’y fait.
Emmanuel Macron se rend devant les caméras pour ne rien dire à ses administrés sinon que la réforme étant définitivement adoptée – sans vote du Parlement par l’emploi de l’article 49-3 de la Constitution2 –, il est temps de passer à autre chose. Aucune mesure pour sortir la France de ce qui devient une crise de régime, ni référendum, ni dissolution de l’Assemblée nationale, ni changement de fusible – pardon! – de Premier ministre, même pas un petit remaniement ministériel. Braves gens en France, sachez qu’il ne se passe rien dans votre pays!
«J’entends la colère des Français» affirme souvent le Président. Les écouter, c’est une autre chose que l’arroga...

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