Les enfants soldats ignorés de Papouasie occidentale

Publié le 3 juillet 2019
Des documents démontrant la présence d’enfants soldats au sein de l’Armée de libération de Papouasie occidentale ont récemment été découverts, révèle le Japan Times. Les organisations soumises aux restrictions indonésiennes sur le terrain s’inquiètent du manque d’implication de la communauté internationale.

© Wikipédia

La province indonésienne de Papouasie occidentale se bat pour son indépendance depuis 1962, lorsque les colons hollandais l’ont cédée à la péninsule asiatique. Très riche en minerais, cette région (à ne pas confondre avec la Papouasie-Nouvelle Guinée, située à l’est) et ses habitants considèrent l’Indonésie comme un envahisseur qui veut les déposséder de leur terre, en particulier depuis que le gouvernement veut construire une autoroute transversale au beau milieu de la jungle.

Dernièrement, le conflit a pris d’autres proportions puisque des enfants soldats ont rejoint le combat, soi-disant volontairement, afin de défendre les terres de leurs parents. Une situation qui inquiète les défenseurs des droits de l’homme.

«C’est un signe que le conflit en Papouasie occidentale est bien plus sérieux que ce que le reste du monde veut bien admettre, d’après Veronica Koman, une avocate des droits humains particulièrement impliquée dans la région. La Papouasie occidentale a un besoin urgent d’une intervention internationale, car les enfants soldats sont eux-mêmes des victimes. L’approche sécuritaire du gouvernement indonésien a déclenché un conflit inextricable, en brutalisant cette population génération après génération.»

Victor Mambor, rédacteur en chef du site d’information papou Tabloid Jubi a raconté à l’AP avoir été contacté par un groupe de soldats, dont les trois quart étaient adolescents, certains entre 15 et 16 ans. Ces derniers venaient de perpétrer une attaque sur des ouvriers, tuant 19 d’entre eux. «Ils ne disent pas grand-chose, a expliqué le journaliste. Simplement qu’ils ne sont pas des criminels, ni des terroristes, mais qu’ils se battent pour les leurs. Ces adolescents n’ont aucun espoir dans leur propre pays, a-t-il ajouté. Il n’y a aucun emploi disponible lorsqu’ils terminent l’école et beaucoup de soldats dans leur village. Peut-être que leur seul espoir d’exister c’est en tenant une arme.»

Plusieurs groupes défendant les droits de l’homme ont critiqué l’ONU pour avoir omis le conflit en Papouasie occidentale dans son rapport annuel sur les armées utilisant des enfants soldats, affirmant que cette liste était politisée et incomplète. Il faut dire que les restrictions imposées par le gouvernement indonésien quant aux organisations et aux médias autorisés à opérer sur place contribuent à étouffer les travers du conflit et empêchent une prise de conscience internationale sur la situation.

Selon le porte-parole de l’Armée de libération, il n’y a pas de doute sur l’âge des adolescents impliqués dans le conflit: «Cette situation est la même pour toute la région montagneuse de Papouasie, qui est considérée comme zone de guerre. Les enfants grandissent pour devenir des combattants pour la liberté, en reprenant le flambeau de leurs parents.»

Du côté de l’armée indonésienne, on n’a pas l’intention de faire de différence entre les enfants et les hommes dans le conflit: «La menace est la même qu’avec des adultes qui peuvent nous tuer avec leurs fusils, a déclaré son porte-parole, Muhammad Aidi, précisant que les mineurs armés qui attaquent les forces de sécurité indonésiennes ne seraient pas épargnés.


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